Une master-class autour du thème : « Intelligence artificielle : danger ou opportunités pour l’Afrique » s’est tenue, ce lundi 11 décembre 2023, au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan-Cocody.
Pour Malik Bakayoko, expert en stratégie de développement d’entreprise et innovation, coanimateur de cette session, la réponse est évidente : « L’intelligence artificielle peut être une opportunité, à condition de relever certains défis majeurs ».
Défi économique de l’IA en Afrique
D’abord, le défi économique. Selon Malik Bakayoko, la plupart des entreprises utilisant l’IA sont des grandes entreprises. « Or, dit-il, le tissu économique africain est essentiellement composé de PME avec une part de plus de 60% d’économie informelle ». « A quel moment cette frange de la population réfléchit à intégrer cette technologie dans son business quand seule sa pitance quotidienne est sa principale préoccupation ? », s’interroge-t-il. Or, pendant ce temps, son fournisseur chinois, lui, est connecté à une IA pour interagir avec elle…
Défis énergétiques de l’IA et de la protection des données en Afrique
Ensuite, le défi énergétique se pose avec acuité sur le continent où plus 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. D’autres défis comme celui de la fracture numérique par la disparité de la formation et l’analphabétisme, ou de la gouvernance et de l’éthique avec la protection des données à caractère personnel, ne sont pas moins perceptibles. Tout comme le défi de la qualité de la donnée. Celle-ci est indispensable, explique le directeur général d’Inovis Etudes et Conseils, pour produire des résultats exacts et des analyses sans nuance, l’algorithme de l’IA reposant sur la puissance de calcul et de stockage de données.
Défis financiers, technologiques et législatifs de l’IA en Afrique
Enfin, les défis organisationnels, politiques et légaux par une réglementation adaptée, et le défi technologique. « Avons-nous tout ce qu’il faut sur le plan technologique pour avancer ? La réponse objectivement est non ! On n’est pas prêt, de mon point de vue. Et si on ne fait rien, la cyber-colonisation est à nos portes », prévient Malik Bakayoko. Et ce n’est pas tout. Le défi des infrastructures et celui des investissements n’étant pas en reste.
« Le système financier traditionnel n’est pas encore en mesure de répondre aux nouveaux enjeux de la technologie », regrette-t-il.
A la fin des fins, l’Afrique a du pain sur la planche avant de dompter l’intelligence artificielle et d’en faire un instrument de développement. Mais, rien n’est perdu d’avance, au dire de Malik Bakayoko. Il est au contraire convaincu que l’Afrique a plus à gagner qu’à perdre dans l’appropriation de l’IA. Dans une prochaine publication de Digitalmag.ci, nous éditerons les opportunités de l’IA en Afrique, selon le directeur général d’Inovis Etudes et Conseils, promoteur d’Abidjan Business School-Ecole de Commerce (ABS-EC), en Côte d’Ivoire…
K. Bruno