Les experts sont formels : connaître les données des consommateurs africains est un enjeu majeur pour les entreprises et les Etats, et le big data est le nouvel or noir de l’Afrique.
Le rêve de toute entreprise qui souhaite s’implanter dans un pays, c’est d’avoir accès à des données de qualité, fiables et variées. En Afrique, ce n’est pas si simple. L’informel y est encore roi. Résultat, les entreprises internationales tardent à prendre des décisions lorsqu’il s’agit d’investir. Pourtant, selon les prévisions, un quart de la population mondiale sera africaine en 2050.
Forte demande de données en Afrique
« C’est en Afrique que se trouvent les futurs consommateurs, la main-d’œuvre et la jeunesse. C’est pour cela que les entreprises internationales ont besoin de mieux connaître cette population, et pour le moment aucun équipement numérique ne peut faire ce travail automatiquement, il y a donc une forte demande de données », explique le Tanzanien Joseph Rutakangwa, cofondateur de la start-up Rwazi, basé à Los Angeles, interrogé par Lepoint.fr.
En 2018, il lance, avec son associé Eric Sewankambo, la plateforme Rwazi, spécialisée dans la collecte de données brutes, vu l’avènement du big data et de l’IA comme des réponses au déficit de données dans les pays émergents. « En utilisant Rwazi, les entreprises multinationales peuvent accéder à des données sur qui achète quoi, pour combien, d’où, quand et pourquoi, afin de les aider à stimuler la croissance de leurs revenus et l’expansion de leur marché », affirme-t-il.
Comprendre la donnée…
Les spécialistes attribuent la définition la plus complète de la donnée à l’Américain Russel Ackoff. Il écrit : « Les données sont la matière brute de l’information conçues pour des machines. L’information pourrait être définie comme des données qui ont été interprétées pour dégager du sens pour les humains. En donnant du sens à l’information, on obtient de la connaissance. En donnant du sens à la connaissance on obtient de la sagesse ».
Dans les technologies de l’information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent codée, d’une chose, d’une transaction, etc. Elle est importante dans les statistiques des systèmes gouvernementaux et des entreprises, en intelligence économique pour l’analyse des forces et faiblesses. Elle l’est aussi dans les applications d’ingénierie des connaissances (données clients, produits, services). La donnée permet aux maîtrises d’ouvrage de dialoguer avec les décideurs pour définir les exigences, de construire les analyses en appui des décisions, en vue de l’alignement stratégique du système d’information.
Manque de compétences d’analyse
Dès lors, de plus en plus de start-up africaines centrées sur l’utilisation des données de masse commencent à émerger. « Il faut dire que c’est le bon moment et, de l’avis de beaucoup, le continent africain pourrait, là aussi, opérer « un saut de grenouille » puisque, contrairement aux pays industrialisés, la révolution de la téléphonie mobile constitue à elle seule une source de données majeure et déjà disponible », constate Lepoint.fr.
Reste les compétences techniques pour gérer et analyser les données, mais aussi des compétences stratégiques pour tirer des conclusions significatives de l’analyse. « Le capital humain est primordial pour développer ce type de projets en Afrique, même si les budgets informatiques sont encore limités et le manque de ressources qualifiées entravent les initiatives. », déplore le Malien Seydou Dembélé, spécialiste de montage de société.
K. Bruno