La résistance s’organise contre l’intelligence artificielle en Europe. Certaines personnes refusent que des robots, créés et nourris par les hommes, remplacent les hommes. Sauf que la dialectique du maitre et de l’esclave est irréversible !
Selon un article de Yahoo.fr, paru ce mercredi 31 juillet 2024, la crise était à prévoir : avec la montée en puissance des intelligences artificielles, il fallait bien qu’un retour de bâton survienne un jour ou l’autre. Il semble que cette période ait bel et bien commencé, sous l’impulsion de groupes d’individus de plus en plus remontés contre l’utilisation des IA.
Luddites : personnes réfractaires aux technologies nouvelles
Ces individus sont connus sous le nom de « Luddites », terme créé par les Britanniques, au début du XIXe siècle pour désigner ceux qui s’opposaient à l’automatisation du secteur textile. Le mot est ensuite entré dans le langage courant pour désigner les personnes réfractaires aux nouvelles technologies. Un peu oublié du vocabulaire, il semble connaître une nouvelle vie, au regard de la multiplication des actes d’hostilité contre les nouveaux outils utilisant des intelligences artificielles.
Par exemple, en juillet 2024, le journal britannique SheerLuxe a présenté à ses lecteurs sa « nouvelle rédactrice mode et lifestyle » nommée Reem, générée par une IA. Reem devait recommander des produits aux abonnés du journal. Mais, la rédaction a détruit Reem face à l’indignation des lecteurs. Toujours en Grande Bretagne, le Prince Charles Cinéma, une salle de cinéma, a renoncé, en juin 2024, à la projection d’un film écrit par une IA, face à la protestation des habitués du coin. Même la grande BBC a renoncé à utiliser des visuels générés par l’IA pour promouvoir la série Doctor Who.
La dialectique du maitre et de l’esclave, selon Hegel
Ce qui suscite la colère des « Luddites », c’est la peur de l’invasion des IA et son impact sur le marché du travail. Cette hostilité est, aussi, motivée par le fait que pour atteindre le niveau de compétences qu’elles ont, les IA se sont nourries du travail des humains. Il serait alors très révoltant qu’elles finissent par devenir plus intelligentes. Autrement dit, il est inadmissible qu’un robot créé par l’homme, nourri de données créées par l’homme, en vienne à le remplacer. Mais, ce ne serait, ni plus ni moins, qu’une nouvelle illustration de « La dialectique du maître et de l’esclave », du philosophe Hegel.
Explications. L’esclave par son travail, transforme la nature. Il remarque qu’en travaillant, il accède à l’objet dans son côté actif. Le maître, pour sa part, ne travaille pas mais fait réaliser le travail. Il vit dans la jouissance de l’objet consommable : il ne connaît que son aspect passif. L’esclave en transformant le monde humain, se transforme lui-même. Le maître, en passant son temps à jouir du travail de l’esclave, devient étranger à son propre monde. Au final, l’esclave, par le produit de son travail, renverse le rapport de domination et rétablit l’équilibre, l’égalité.
Ici, deux êtres, l’un humain, l’autre robot, sont en conflit. Le robot accepte de prendre des risques et va devenir le maître. Si un jour, le robot devient (vraiment) maitre, le cycle reprendra. Le robot deviendra passif. Et son esclave (actif), on ne sait pas encore qui ou quoi, travaillant pour lui (robot), finira par devenir le maitre. Ce n’est pas drôle !
K. Bruno