Madi Ouédraogo est le tout premier promoteur de Western Union, la compagnie multinationale de transfert d’argent, en Côte d’Ivoire, voire dans la sous-région. En activité depuis plus de 30 ans, il en a vu des vertes et des pas mûres dans la fraude sur l’identité et dans l’arnaque. Pour lui, le Terminal de vérification d’identité (TVI) de l’ONECI vient comme une solution magique pour arrêter les pertes d’argent colossales enregistrées dans les agences Western Union. Interview !
Vous venez de participer à la présentation du Terminal de vérification d’identité de l’ONECI. Quelles sont vos impressions ?
Bonne impression, d’abord dans la qualité et la prestation du directeur général, que je n’ai jamais rencontré, mais que j’ai toujours vu à travers les écrans. Quelqu’un de bien qui connait son produit. Il est directeur général mais, c’est un bon technicien. Il a vraiment présenté ce qu’il devait présenter, et c’était compréhensible et accessible à tous. J’ai vu quelqu’un de dévoué, et je pense qu’il est assez ouvert puisqu’il a dit qu’on pourrait éventuellement faire des propositions à l’ONECI afin de tous lutter contre la fraude sur l’identité. Ce matériel est utile parce qu’à Western Union, la fraude sur l’identité est un souci pour nous.
La solution de l’ONECI peut-elle vous aider à contourner les problèmes de fraudes, d’arnaques que vous avez certainement rencontrées dans vos activités ?
Au début, il n’y avait rien. Aujourd’hui, il y a quelque chose. Je pense que c’est une opportunité. Ce dispositif pourrait nous aider à réduire considérablement la fraude. Vous savez, les clients qui viennent, en général, à nos guichets, viennent avec de fausses identités. Je pense donc que la solution que le directeur général de l’ONECI propose peut aider à réduire cette fraude. Pourvu que tout le monde adhère, mais, ça, c’est une autre étape. Il faut qu’on arrive à sensibiliser tous les acteurs pour que cet appareil soit disponible dans tous nos bureaux.
Quels sont les types de fraudes que vous rencontrez ?
Il y en a plusieurs types, mais ce qui revient régulièrement, ce sont les fausses identités. Le Terminal de vérification d’identité va résoudre beaucoup de problèmes. D’abord, ça va dissuader les fraudeurs, ils n’auront plus tendance à se présenter à nos guichets de peur d’être démasqués. Ensuite, si les caissiers sont complices des fraudeurs, eux aussi, seront débusqués.
Aviez-vous auparavant des solutions de la maison-mère Western Union pour régler ce problème ?
Il n’y a aucune solution, aucune. Western Union n’entre pas dans ce débat. On se contente de faire les transactions. C’est donc nous qui devrions nous battre avec nos autorités pour trouver des formules. Raison pourquoi je salue l’ONECI d’avoir mis cet appareil en place, et je souhaite qu’il l’améliore au fur et à mesure qu’on avance. C’est nous qui devrions nous approprier cet appareil, pas la banque, étant entendu que nous sommes les plus exposés.
Est-ce que vous avez des suggestions à faire à l’ONECI en rapport à cet appareil ?
Oui, mon souhait, c’est d’avoir une séance de travail avec le directeur général de l’ONECI, mais aussi avec les différents acteurs comme le CENTIF, notre partenaire étatique. Par ailleurs, avec l’Association des sous défenseurs d’argent et de changes, l’ASDAEC dont je suis le président, il faut qu’on échange pour voir comment vulgariser ce produit, et s’il y’a des suggestions à faire, qu’on puisse les faire. C’est un début, comme je l’ai dit. Toutes les bonnes idées sont les bienvenues parce que ceux qui fraudent travaillent aussi de leur côté pour contourner les systèmes. L’ONECI a fait ce qu’elle devait faire.
En attendant cette rencontre, est-ce que vous avez un message particulier à passer à vos confrères du transfert d’argent ?
À mes confrères du transfert d’argent, je demande de saisir cette opportunité. Il est difficile de toujours se présenter à la police économique, d’aller à la DST, d’aller au commissariat, ceci n’est pas notre métier. Et quand on passe du temps à y aller, on ne peut plus travailler. Vous prenez de l’argent à la banque, et à chaque fois, vous avez un manque à gagner. Ce n’est pas intéressant pour les affaires. Donc, je lance un appel à tous les opérateurs du transfert d’argent. Il faut qu’on s’approprie cet outil de l’ONECI. On doit être des partenaires.
Dans l’amélioration de vos processus, avez-vous des solutions digitales que vous comptez mettre en place ?
Aujourd’hui, nous sommes à l’ère du digital. Mais, dans notre secteur d’activité, il n’y a pas une école qui forme les gens. Tous ceux qui travaillent dans nos agences sont issus de ce que nous avons commencé. Mais, on ne va pas continuer ainsi. Il faut bien qu’il y ait des écoles, des centres de formations. Il est temps qu’on mette des structures en place pour former les jeunes gens dans notre secteur d’activités, au digital. On ne va pas tout demander à l’Etat. Pour ma part, c’est un projet que je suis en train de nourrir : mettre un petit centre de formation monétique en place pour qu’on puisse former les jeunes. Aujourd’hui, on parle de crypto-monnaie, il est difficile de trouver des travailleurs qualifiés quand on ouvre une agence Western Union.
Entretien réalisé
Par K. Bruno
Col : Nounty Aida Soro