La Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) a été créée le 3 octobre 1962 par le gouvernement ivoirien avec le concours de groupes pétroliers internationaux. Sa vocation principale est le raffinage du pétrole brut et la distribution de produits pétroliers en Côte d’Ivoire et dans le reste du monde.
La SIR assure le raffinage du pétrole brut. Elle est équipée de deux unités de distillation atmosphérique de 75 000 barils par jour et d’un hydrocraqueur de 18 000 barils par jour. En offrant une large gamme de produits pétroliers de qualité et en établissant des partenariats solides avec ses clients et ses partenaires commerciaux, la SIR vise à devenir le fournisseur de choix dans la région. La SIR est une fierté nationale sur le segment du raffinage.
Elle est en train de l’être aussi sur celui de la transformation digitale. Antonio Dahouindji, responsable informatique de gestion de la SIR, donne tous les détails dans cette interview exclusive.
Quel est l’état des lieux de la transformation digitale à la SIR ?
Sous l’impulsion du directeur général Tiotioho Soro, nous avons démarré des projets de digitalisation de l’ensemble de nos processus. Il s’agit, pour nous, de remplacer les tâches manuelles par des procédés technologiques. Par exemple, en termes de gestion des ressources humaines, nous avons mis en place des procédures pour faciliter la gestion des congés, des bulletins de paie, des demandes d’absence, etc., étant entendu que, par le passé, la gestion de ces données prenait beaucoup de temps.
Sur le cœur de notre métier, c’est-à-dire le raffinage, nous mettons, depuis quelques années, de la conduite numérisée dans nos unités. Par exemple, au lieu que nos agents se retrouvent en permanence sur les unités, nous avons une salle de contrôle numérisée qui centralise le pilotage de ces unités. Concrètement, une ouverture ou fermeture de vannes, qui constitue une tâche manuelle à la SIR, peut être désormais gérée à partir d’une application, sans que l’être humain ait besoin d’utiliser sa force physique pour tourner cette vanne.
Un autre exemple. Nous avons ce qu’on appelle les rondes des opérateurs. Ce sont des relevés de données telles que la température, la pression, que les opérateurs font sur le terrain. C’est une collecte de données permettant de connaitre l’état de fonctionnement d’une unité. Nous mettons actuellement un système digital pour la collecte et le traitement de ces données. Nous sommes à 75% de réalisation de ce projet.

Quels avantages tirez-vous de ces projets de transformation digitale ?
De la productivité et de l’efficacité dans l’exécution des différentes tâches, mais aussi la mise à disposition d’indicateurs fiables pour le pilotage de nos activités. Nous sommes dans un secteur qui requiert beaucoup de technicité. Nous avons des agents suffisamment qualifiés à la SIR pour conduire tous les projets de digitalisation. Et, c’est l’une des fiertés de notre directeur général, de dire que notre entreprise est pilotée à 99% par des locaux.
Comment la création de contenu local s’applique-t-elle à la SIR ?
Le contenu local, c’est une stratégie gouvernementale qui permet de soutenir et encourager les entreprises locales en leur permettant d’exercer leurs activités. Autrement dit, une tâche ou une activité qui peut être exercée par une entreprise locale, nous n’avons pas besoin d’aller au-delà de notre territoire pour acquérir cette compétence-là.
Sur le raffinage, l’expérience de la SIR est telle que nous avons des agents avec des niveaux de qualification pointue. Par conséquent, nous sommes amenés à travailler avec des personnes que nous avons ici. Quant aux entreprises, celles qui travaillent avec la SIR sont des entreprises à majorité locale. Donc, nous nous inscrivons dans la politique du gouvernement qui nous demande, à compétence égale, de travailler avec des personnes et des entreprises ivoiriennes.
Quels sont vos défis en termes de digitalisation de la SIR ?

La SIR a la chance que beaucoup d’entreprises n’ont pas forcément. C’est que la décision de transformer vient du directeur général. Il a été le premier à lancer cette initiative. Il est à la base de la transformation digitale. Et vous savez que quand c’est le patron qui donne le top, en termes de moyens, nous n’avons pas de difficulté. Le Directeur Général nous a mis dans les conditions (formations, ressources etc…) pour avoir une entreprise transformée digitalement au maximum du pourcentage. Je ne dirai pas que nous allons faire du 100%, mais nous allons être proches de ce taux.
Quelles sont vos perspectives ?
Nous sommes à 75% de transformation digitale. Les 25% restants concernent les activités-usine et plusieurs projets en cours de réalisation. Ces activités sont sensibles. Il faut veiller à la sécurité des données et des systèmes quand on parle de transformation digitale. Certes, le digital est d’un bon apport dans notre entreprise, mais une transformation digitale sans la sécurisation des données, des accès et des informations qu’on manipule, peut nous exposer à un grand nombre de risques. Pour éliminer ces risques, nous, au niveau de l’informatique, nous mettons un point d’honneur à la sécurisation des données que nous manipulons.
Comment voyez-vous l’avenir de la transformation digitale en Côte d’Ivoire ?
Aujourd’hui, il y a des pays où on ne touche presque pas de papier pour gérer un processus ou une activité, des pays qui sont à 99% digital. En ce qui nous concerne, nous devons tendre vers cela en mettant la sécurité au-devant. Cela passe par la contribution de chacun et surtout une bonne stratégie de transformation digitale.
On ne transforme pas sans les agents, on ne transforme pas sans les utilisateurs. On ne leur impose des outils. On les amène plutôt à s’approprier ces outils pour leur permettre de mener leurs tâches dans des conditions optimales afin d’être productifs et efficaces.
Interview réalisée
Par K. Bruno