La 13ème édition des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) s’est ouverte, ce 20 novembre 2024, à Abidjan. Lors d’un panel sur le thème : « Cloud : Où en est l’Afrique », Didier Kla, directeur d’Orange Business and Braodband, a dévoilé la stratégie des géants de la tech pour contourner la régulation des données en Afrique.
C’est connu, les pays africains ont adopté plusieurs lois contraignant les entreprises de la tech et de l’intelligence artificielle à héberger localement les données collectées localement. Et celles-ci se soumettent, du moins en apparence, en construisant des data center et cloud dans certaines régions d’Afrique. Mais, ce qu’on sait moins, c’est qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un contournement de la législation, en termes de collecte, de stockage, de traitement et de protection des données.
Comment les multinationales contournent la réglementation sur les données en Afrique ?
Didier Kla, directeur d’Orange Business and Broadband, a mis à nu ce stratagème, ce 20 novembre 2024, aux ATDA, à Abidjan. Selon lui, l’Afrique a certes fait du chemin sur le numérique, « mais reste loin du compte, en termes de data center », car, ces infrastructures sur le contient sont, pour la plupart, construites par les géants de la tech. « C’est donc un changement de stratégie, un déplacement géographique du problème », alerte-t-il.
« Ces majors (AWS, Google, Amazon, etc.) qui avaient leurs data center en Europe, les ont déportés en Afrique. Elles hébergent nos données ici, ensuite, elles les rapatrient chez elles », prévient-il. Pendant ce temps, les Africains ne portent aucune initiative data center. Pourtant, il s’en trouve des gens pour parler de souveraineté numérique, en Afrique. « C’est un leurre pour les pays africains ! Tu ne fabriques rien, tu ne construis rien, et tu veux être souverain ! Non ! Il faut commencer par le b.a.-ba », dit-il.
La souveraineté numérique par la formation d’ingénieurs compétents
« Formons des cadres, ayons une vraie stratégie pour que ceux-ci restent dans nos pays et fabriquent des choses au bénéfice des Africains. Ensuite, dans une vraie stratégie sur le long terme, 30-40 ans, pas une stratégie coup d’éclat, construisons un écosystème numérique avec des compétences », préconise-t-il. « Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on forme à peu près 100 ingénieurs par an, compétents. Croyez-vous qu’un pays qui a de grosses ambitions sur le numérique, 100 ingénieurs, ça suffit ? », s’interroge-t-il.
La réponse est connue. « C’est à cause de ces grosses théories que je ne participe plus aux panels parce que quand je dis ce que je pense, ça dérange les gens, or, c’est la vérité », révèle Didier Kla, qui en plus des investissements dans les compétences, recommande des investissements dans les infrastructures réseaux, data center et énergie, si tant est que les pays africains veulent répondre aux enjeux technologiques, notamment l’intelligence artificielle dans l’Alliance Cloud/IA, thème central des ATDA 2024.
K. Bruno





































