Une startup israélienne, Celleste Bio, cultive des fèves de cacao en laboratoire. Une réelle menace pour le cacao des champs d’Afrique.
Le cacao cultivé dans les champs d’Afrique, en général, et de Côte d’Ivoire, en particulier, est sous la menace du cacao cultivé en laboratoire. La start-up israélienne Celleste Bio fait des tests de culture à l’aide d’outils de biotechnologie, à partir de quelques fèves réelles. Et celles-ci « peuvent être reproduites sans avoir à couper à nouveau un seul arbre », écrit Jean-François Strouf, dans une chronique sur Israël Valley.
Technologie de la culture cellulaire du cacao
La méthode de la start-up basée dans la ville israélienne de Misgav utilise la technologie de culture cellulaire pour créer les fèves de cacao. Ensuite, elle la combine avec la modélisation de l’intelligence artificielle pour créer les conditions de croissance optimales. Les cellules de fèves sont alors utilisées pour fabriquer le beurre de cacao nécessaire à la fabrication du chocolat, qui présente le profil chimique identique à l’original.
« L’entreprise prélève les cellules d’une ou deux fèves de cacao et les place dans une culture liquide dans un bioréacteur. Les cellules se multiplient rapidement et sont récoltées pour obtenir le beurre de cacao. Il ne faut que sept jours pour que les cellules du haricot mûrissent dans le bioréacteur afin que le beurre de cacao puisse être récolté. Celleste Bio produit également de la poudre de cacao à partir du reste des fèves une fois le beurre extrait », détaille le chroniqueur Jean-François Strouf.
Faut-il mourir de faim pour sauver la nature ?
Comme il fallait s’y attendre, les chocolatiers mondiaux s’intéressent de plus en plus à cette production biotechnologique du cacao et du chocolat, au détriment du cacao naturel des champs d’Afrique. A commencer par l’américain Mondelez, l’un des plus grands dans l’alimentaire au monde, dont le portefeuille comprend les marques de chocolat Cadbury, Milka, Côte d’Or et Fry’s. Plus qu’un simple intérêt, ce géant mondial est, aujourd’hui, l’investisseur stratégique de la start-up israélienne Celleste Bio.
Disons-le, désormais, un risque réel plane sur l’avenir des planteurs africains de cacao. Tout ça à cause du Fonds mondial pour la nature qui affirme que les planteurs africains, dont 70% se trouvent en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria et au Cameroun, ont tendance à défricher les forêts tropicales pour planter de nouveaux cacaoyers, plutôt que de réutiliser les mêmes terres. Pour ce fonds onusien, le cacao est la cause principale de la déforestation de l’Afrique de l’Ouest. Or, dit-il, les arbres sont des puits de carbone. En abattant les arbres, on libère des quantités innombrables de CO2 dans l’atmosphère. Ce qui est mauvais pour l’environnement. Là, là, les défenseurs de la nature ne cachent plus leur opposition aux intérêts vitaux des paysans d’Afrique. Faut-il mourir de faim pour sauver la nature ?
K.Bruno