L’Afrique est-elle menacée par la banqueroute de la Silicon Valley Bank ? La réponse est oui. Dans certains pays plus que d’autres.
Sans frontière et hors de contrôle des Etats, la tech est l’incarnation de la mondialisation. Une panne dans le plus petit pays du globe, et tout le système connait un dysfonctionnement. Sans jouer les Cassandre, une évidence s’impose : la faillite de la Silicon Valley Bank n’a pas fini de produire ses effets de dérèglement !
La Côte d’Ivoire pas touchée
Pour l’heure, la Côte d’Ivoire est peu ou pas du tout touchée. Ce n’est pas le cas de plusieurs pays comme le Nigeria, le Kenya, l’Egypte, l’Afrique du Sud et à degré moindre le Cameroun. A l’avant-garde de l’innovation sur le continent, les start-ups de ces pays, financées par des entreprises en majorité américaines, pourraient connaitre une crise à cause de la banqueroute de la Silicon Valley Bank (SVB).
En effet, la SVB, qui a fait faillite le jeudi 9 mars 2023, soutient plusieurs start-ups et investisseurs africains. Certes, les autorités américaines en ont pris le contrôle, mais la panique est loin de s’estomper. Pour contenir l’hémorragie, le département du Trésor a décidé de garantir les dépôts, donc de rembourser aux déposants, au-delà de la limite légale de 250 000 dollars (150 millions de FCFA). « Il reste (toutefois) l’inconnue du temps nécessaire à la Fed pour libérer les sommes », s’inquiète une avocate d’affaires nigériane.
Les Startups Wave, Chipper Cash, Ejara, Paypal…
Connue pour être la banque de l’écosystème innovant américain, la Silicon Valley Bank figure parmi les investisseurs de Founders Fund, la société d’investissement du créateur de Paypal, Peter Thiel. Celle-ci a participé au tour de table de 200 millions de dollars (100 milliards FCFA) de Wave en septembre 2021. Wave continue cependant d’être opérationnel dans les pays d’Afrique, et ses clients peuvent disposer de leurs fonds.
Depuis 2019, SVB Capital, branche de la banque américaine dévolue au capital-risque, a participé à six investissements directs sur le continent. En mai 2020, elle a participé avec Y Combinator (dont 30 % du portefeuille est concerné par la chute de SVB), Sequoia ou encore le marocain Outlierz Ventures, à la série A de 2,5 millions de dollars du camerounais Healthlane, fondée par Alain Nteff.
Menaces sur le respect des engagements financiers
À Douala, la plateforme de cryptomonnaie Ejara, fondée par Nelly Chatue-Diop se retrouve elle aussi exposée. En mai 2021, la Silicon Valley Bank a mené le tour de table de 100 millions de dollars (50 milliards FCFA) de la fintech nigériane, Chipper Cash. Indirectement, l’empreinte de la SVB se retrouve au minimum dans deux des quatre grands marchés de la tech continentale que sont le Nigeria, le Kenya, l’Égypte et l’Afrique du Sud.
Au Caire, la plateforme d’e-santé Vezeeta, la fintech Thndr, le transporteur Swvl et la centrale d’achat MaxAB sont touchés par la chute de la banque américaine.
Ces derniers jours, investisseurs et conseils juridiques ont travaillé d’arrache-pied pour éviter des faillites en cascade à Lagos, Nairobi ou au Caire. « Nous avons mis en place des processus de libération de certaines sûretés, prévenu les prêteurs que nous ne respecterions pas certains engagements financiers et réorganisé les activités afin de nous assurer que si la Fed prenait six mois à trouver une solution, les boites ne sombreraient pas », prévient une avocate d’affaires nigériane.
K. Bruno
(Source Jeune Afrique)