Plusieurs personnalités ont marqué l’écosystème du numérique en Côte d’Ivoire, en 2024. Nous en avons retenu cinq pour leurs contributions significatives aux côtés des autres qui ont tous autant de mérite.
Ibrahim Kalil Konaté : Le « père » de la Stratégie nationale IA
Le mardi 17 octobre 2023, Ibrahim Kalil Konaté devient le nouveau ministre ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation. C’est la première fois, en Côte d’Ivoire, qu’un département ministériel est, exclusivement, consacré au numérique. Auparavant, ce département était rattaché à la Communication avec le ministre Amadou Coulibaly. Pourtant, Ibrahim Kalil Konaté n’est pas un spécialiste du digital. Il est plutôt expert en mines et énergie. Avant sa nomination, il était président du Conseil d’administration de la Société de développement des mines (SODEMI).
En un an d’exercice, il donne un coup d’accélérateur à la digitalisation avec plusieurs projets dont la Stratégie nationale de l’intelligence artificielle et de la gouvernance des données. La validation technique de celle-ci s’est achevée le 13 décembre 2024. Elle contient 6 piliers stratégiques, 15 objectifs spécifiques, 109 projets et reformes pour un budget de 912 milliards FCFA sur 5 ans. La stratégie sera présentée au Premier ministre ivoirien dans ce mois de janvier 2025. En tant chef du département du numérique dans le pays, Ibrahim Kalil Konaté est la personnalité qui aura marqué le plus l’écosystème du numérique en 2024.
Mme Namahoua Bamba Touré et les ARTCI Days
Avant d’être limogée le 21 novembre 2024, Namahoua Bamba Touré, directrice générale de l’ARTCI depuis avril 2022, a porté plusieurs projets. Notamment les ARTCI Days ou Journées de l’ARTCI dont deux éditions se sont tenues en 2024. La première, lors de la Journée mondiale de La Poste, le 9 octobre 2024. Une convocation de l’écosystème numérique au chevet de La Poste de Côte d’Ivoire, en grande souffrance avec la digitalisation des services traditionnels de La Poste, le courrier et le transfert d’argent.
Ensuite, le 7 novembre 2024, la 2ème édition sur le thème : « Régulation et cybersécurité au service de l’inclusion numérique : protéger les citoyens et favoriser la croissance des entreprises ». Selon le Club d’experts de la sécurité de l’information en Afrique (CESIA), 74% des organisations ont été victimes d’au moins une cyberattaque en 2023, contre 56% en 2022. En Côte d’Ivoire, au dire de Narcisse Ekissi, directeur de cabinet du ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, « 9,2 milliards de FCFA est le préjudice financier de la cybercriminalité ». Le successeur de Mme Namahoua Touré Bamba, Lakoun Ouattara, l’a félicitée pour ses résultats.
Franck Kié : Cybersécurité un jour, cybersécurité toujours
Il n’a que ça comme passion : la cybersécurité. A raison puisque tous les efforts de digitalisation en Afrique seront vains si l’espace numérique n’est pas suffisamment protégé. Franck Kié, fondateur de l’entreprise de cybersécurité Cyberops et promoteur du Cyber Africa Forum (CAF) dont la 4ème édition s’est tenue à Abidjan les 15 et 16 avril 2024, fait de la cybersécurité son cheval de bataille. Il se présente, pour ainsi dire, comme l’une des personnalités qui ont marqué 2024 de leur empreinte indélébile l’écosystème numérique avec son activisme autour de la cybersécurité.
Selon lui, les entreprises en Afrique sont loin d’avoir pris la mesure de la menace. « On a pensé que le continent n’était pas une cible. Or, je reçois tous les jours des demandes de clients qui font face à un risque cyber. L’année dernière, le nombre de cyberattaques par semaine était estimé à 1 800 », alerte-t-il. Pour lui, la cybercriminalité a évolué. Il y a 15 ans, elle résultait de l’action des « brouteurs », qui agissaient de façon isolée ou en petits groupes. Aujourd’hui, elle est plus sophistiquée. « L’Afrique ne peut pas penser qu’elle est à l’abri », prévient Franck Kié qui organise le CAF 2025 au Bénin.
Alex Séa : La BCEAO jette deux pavées dans la mare des fintech
Alex Séa, directeur d’Africa Fintech Forum, est l’une des personnalités qui ont marqué 2024. Promoteur du Next Fintech Forum, dont la 6ème édition s’est déroulée à Abidjan, le 27 novembre 2024, autour du thème : « Tendances, opportunités et challenges de l’industrie francophone », il a réuni la majorité des acteurs de Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée, du Sénégal, de la Mauritanie, etc. Cette année, ce forum s’est tenu dans une ambiance quelque peu morose. Pour cause, la Banque centrale annonce l’interopérabilité entre opérateurs du mobile money (Orange, Moov, MTN et Wave) à taux 0. Les conséquences pour les fintech sont grandes.
« 90% des fintech vont mourir à cause des coûts à taux 0. A taux 0, les Orange, MTN, Moov money et Wave vont perdre beaucoup », s’alarme Alex Séa. Et ce n’est pas tout. La Banque centrale a pris une instruction qui donne aux fintech une perspective pour obtenir une licence de paiement. Sauf que, celle-ci est précédée de conditions drastiques : un capital social de 10 millions FCFA pour la plus petite formule, et 100 millions FCFA pour la plus grande. « La difficulté, ce sont les montants. Un fondateur de startup me disait qu’il a dépensé plus de 30 millions FCFA pour se conformer. C’est beaucoup pour une fintech », regrette Alex Séa.
Lamine Koné : Salon des infrastructures d’Abidjan consacré au numérique dans le BTP
Le Salon des infrastructures d’Abidjan (SIA) a fait son retour pour une 4ème édition consacrée au numérique dans le BTP, du 12 au 14 novembre 2024, à Abidjan. Organisé par le Groupement ivoirien du bâtiment et travaux publics (GIBTP) du président Lamine Koné, le SIA 2024 avait pour thème : « Technologies émergentes et innovations dans l’industrie du BTP ». Le SIA, ce fût des panels et des échanges entre experts, une exposition pour permettre aux participants de découvrir ce que proposent les entreprises du BTP, un secteur qui représente 7,5 % au PIB de la Côte d’Ivoire.
Au cours des panels, le directeur général de la CIE-SODECI, Amadou Bakayoko, a communiqué sur l’assistance de l’IA dans la gestion de la distribution de l’électricité et de l’eau potable en Côte d’Ivoire. Quand Sidi Younga, directeur Afrique de l’Ouest d’Epiroc, lui, s’est attardé sur l’apport de l’IA dans la prise de décisions pour le dimensionnement des projets, leur réalisation et leur évaluation finale. « En Côte d’Ivoire, le taux d’utilisation de l’IA dans le BTP reste faible parce qu’on n’a pas beaucoup d’occasions d’échanger sur ce sujet et de le faire connaitre pour rassurer les gens sur la valeur qu’il peut apporter à une opération », dit-il. Le SIA est fait pour répondre à ce besoin. Chapeau donc à Lamine Koné et au GIBTP.
NB : Chers amis lecteurs,
Si vous estimez qu’une personnalité du secteur digital qui a marqué de son empreinte l’écosystème, au cours de l’année 2024, mérite de figurer sur cette liste, nous vous prions de bien vouloir nous faire parvenir son nom et ses activités majeures que vous souhaitez voir être mises en lumière.
K. Bruno