Quel peut être l’impact de la transformation numérique sur la performance et la gouvernance de l’administration publique de Côte d’Ivoire ? A cette question, des réponses ont été données au cours d’un panel ce 16 avril 2024, lors de la Conférence internationale Risque-Pays Côte d’Ivoire, organisée par Bloomfield Intelligence, au Sofitel Hôtel Ivoire.
Selon une étude de la Banque mondiale, l’introduction et l’adoption d’outils digitaux dans les secteurs économiques et sociaux d’un pays lui permet de gagner jusqu’à 7 points de PIB de plus. La Côte d’Ivoire veut réaliser cette performance. En la matière, le pays a des acquis. Olivier Avoa, directeur général de la transformation numérique et de la digitalisation au ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation, en donne quelques-uns : « Le premier acquis, c’est la volonté politique et le soutien au plus haut sommet de l’Etat. Et nous l’avons ».
Un pays digitalisé gagne 7 points de PIB de plus
Ensuite, la collaboration entre les services de l’administration. Ici, elle est plutôt en construction. Explications :
« Par le passé, chaque administration avait ses propres projets, ses propres infrastructures, notamment des mini datacenters répartis de façon éparse. Il y a eu donc des déperditions, un manque de cohérence et de mutualisation ».
Mais, ici, aussi, il rassure : « Nous sommes donc en train de construire un datacenter national qui va réunir, de façon logique, les mini datacenters existant et servir de zone de sauvegarde de toutes les données que nous allons collecter ».
C’est ainsi, ajoute-t-il, que l’Etat compte pouvoir mettre en œuvre sa politique d’intelligence artificielle et de gouvernance des données adoptée le 3 mars 2025, à travers la Stratégie nationale d’IA et de gouvernance des données. Olivier Avoa n’occulte pas une dernière collaboration nécessaire.
Celle entre l’administration, le secteur privé, les partenaires techniques et financiers et les populations qui, à la fin de la journée, sont celles qui consomment les solutions numériques développées par l’Etat.
Certificat de nationalité digitalisé : un bel exemple de collaboration entre les administrations
D’ailleurs, en termes de solutions numériques, il se félicite des avancées enregistrées en Côte d’Ivoire, avec la digitalisation du certificat de nationalité dont les Ivoiriens peuvent désormais faire la demande en ligne à travers des protocoles hyper-sécurisés.
« C’est un bel exemple de collaboration entre le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation et celui de la Justice. Quand l’Etat collabore avec ses propres entités, le secteur privé, les partenaires techniques et financiers, les populations, c’est l’assurance d’une transition numérique réussie », dit-il.
Un autre acquis non négligeable : le réseau ivoirien de fibre optique pour le transport d’internet. Selon Olivier Avoa, la Côte d’Ivoire dispose, à l’heure actuelle, de 5000 km de fibre optique. Mais, elle a pour ambition d’atteindre 15000 km.
« La modernisation de l’administration nécessite un maillage internet et une bonne couverture du terrain pour connecter tous les services de l’administration, surtout ceux dans les zones reculées. L’administration s’étend sur l’ensemble du territoire. Aucune zone en Côte d’Ivoire ne doit être laissée-pour-compte », souligne-t-il.
ID ou Identifiant unique, porte d’accès unique à l’administration
Restent, le développement des compétences des agents de l’Etat pour lequel le gouvernement accentue ses efforts, à travers le projet E-GOUV et la sécurité des infrastructures critiques pour laquelle l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a été créée. Celle-ci est chargée de sécuriser les plateformes par des actions bien coordonnées.
Restent aussi la Loi sur la promotion des startups numériques qui vise à soutenir l’écosystème des startups, favoriser l’innovation, et l’accès aux marchés publics dont le 1/3 est réservé aux entreprises locales.
A la fin, Olivier Avoa dit avoir un rêve : le numéro d’identifiant unique ou ID. Dernière explication liée au concours d’entrée dans l’administration.
« Je rêve que le candidat donne son ID et c’est tout. Il paie ce qu’il faut payer en ligne avec les moyens digitaux disponibles, et tous les éléments derrière (diplômes, parcours, permis, extrait de naissance, etc.), tout ce qu’on demande aux candidats de fournir comme pièces aux concours est disponible au service de concours. Qu’on n’ait plus besoin de lui demander ce que l’administration elle-même produit déjà. Il faut juste de l’interopérabilité de nos systèmes, l’Etat y travaille ».
K. Bruno