La transformation digitale touche la culture en Côte d’Ivoire. Il est désormais possible de payer un ticket de concert depuis votre salon et d’y réserver votre place. Simple et efficace comme méthode. Mais dans la pratique, c’est un peu plus compliquée que ça.
État des lieux de la billetterie en ligne en Côte d’Ivoire
Durant ces 5 dernières années, est arrivé en Côte d’Ivoire l’achat de tickets de concert via des plateformes en ligne. Avant, pour un concert, il fallait se rendre dans des points de vente devenus des références pour s’offrir les tickets de n’importe quel spectacle culturel. Ce sont entre autres le siège de la RTI, Hassan 220 logements, FNAC, Cap Sud, Radio Nostalgie, etc. À ses points de vente sont venus s’ajouter des noms comme Orange Max it, Tikerama, Billetic, etc. Il s’agit des plateformes connectées sur lesquels les tickets de la plupart des spectacles du pays sont mis en vente.
Pour acheter un ticket en ligne, il vous faut simplement un smartphone ou un ordinateur, un compte mobile money et une connexion internet. Après achat, le client reçoit un ticket virtuel via sa boîte mail en format PDF, sur lequel est apposé un code QR qu’il devrait faire scanner pour avoir accès au spectacle. Le fait est que ces nouveaux canaux d’achat de ticket ont pignon sur rue chez les jeunes, Ceux-ci représentent la plus grande frange de la population ayant accès à internet.
Cette nouvelle méthode est-elle efficace ? Bien sûr ! Pour preuve, les plateformes Orange Max it et Tikerama ont annoncé des ruptures de stock pour certaines catégories de tickets du récent concert de l’artiste urbain Himra. Toutefois, les tickets physiques sont les plus vendus en ce moment. La transition vers la billetterie numérique reste lente.
Pourquoi les Ivoiriens redoutent les billets numériques ?
Le domaine de l’événementiel en Côte d’Ivoire n’a pas sauté tous ses verrous pour laisser passer le train de la digitalisation. Les promoteurs de spectacles, les artistes, les spectateurs et toutes les autres personnes qui interviennent dans ce secteur ont du mal à passer en mode full 2.0. L’état des lieux révèle une avancée insuffisante, comparée à d’autres domaines du secteur culturel, la consommation d’œuvres musicales notamment, qui se fait de plus en plus via les plateformes de streaming.
Point important, la récente Coupe d’Afrique des Nations (CAN) organisée en Côte d’Ivoire a été la première expérience de billetterie en ligne pour de nombreux Ivoiriens. Avoir un ticket pour suivre un match était un vrai parcours du combattant. Il fallait lutter contre les bugs du site, les interminables attentes dues à la saturation de la plateforme et surtout les rejets du système lorsqu’il fallait « badger » pour accéder au stade. Depuis cette expérience, les billets numériques rebutent plus d’un.
Autre raison de l’adoption lente de la billetterie en ligne, les étapes de validation, la peur de se faire arnaquer, la crainte de voir son compte mobile money vidé. Bien que le processus d’achat soit sécurisé, ces craintes sont toujours d’actualité. Mais au-delà de tout ça, ce mode de paiement n’est pas encore véritablement entré dans les us des Ivoiriens, notamment ceux de l’intérieur du pays. Pourquoi ? Un organisateur du festival KOR (King of Rap) répondant au pseudonyme de « Ricky » explique.
« Au niveau des code QR pour les tickets numériques, ça fatigue un peu les Ivoiriens. Tout le monde n’est pas habitué, mais c’est un processus qui commence à marcher. Très souvent, dans les événements, les gens préfèrent les méthodes rustiques. Ils ne veulent pas se fatiguer avec les histoires de liens, de formulaire à remplir tout ça. Certains préfèrent payer leurs tickets sur place ». Des mots qui confirment la transition difficile.
James Kadié