La première édition d’AfricaDevSec Summit 2024 s’est ouverte à Abidjan-Cocody Palm Club ce 23 octobre pour prendre fin le 24 octobre 2024 autour du thème : « La contribution des acteurs clé à la conception et au développement de plateformes numériques innovantes et fiables pour les Africains ». La salle n’a pas fait le plein.
Au cours de ce rendez-vous consacré aux start-ups de Côte d’Ivoire, un panel sur la « souveraineté digitale-défis et opportunités » a été animé par Idriss N’Daho, Senior Marketing Manager à MTN, et Alexandre N’Djoré, CEO de Digitech Africa. Pour eux, la souveraineté numérique qui occupe tant la réflexion et les attentions de la jeunesse africaine renvoie avant tout à la production de données, à leur hébergement, à leur utilisation et par qui ?
Le défi de l’hébergement des données à l’étranger
Premier problème, ont-ils d’entrée fait observer, les données africaines sont hébergées sur des serveurs étrangers. Dans ces conditions, « pour moi, parler de souveraineté numérique, excusez-moi, c’est un discours vide et creux parce qu’on n’a pas les serveurs d’hébergement de nos données chez nous, et on utilise des applications de l’étranger », s’est voulu clair Alexandre N’Djoré. Selon lui, un pays comme la Chine a si bien compris les enjeux de la souveraineté numérique qu’il ne s’est pas attardé sur les discours vaseux de forums et autres salons sans suite décisionnelle.
Ce pays, a-t-il dit, est passé à l’acte en développant ses propres moteurs de recherches et applications. « La Chine n’utilise pas, Google, Facebook, Instagram, WhatsApp, etc., qui sont de gros collecteurs de données à caractère personnel. Elle a bloqué ces applications sur son territoire tout en créant des équivalents dont TikTok. Mais, la Chine n’a rien inventé, elle n’a fait que copier des modèles existants. Je ne sais pas si ce modèle peut être reproduit en Afrique, en Côte d’Ivoire notamment, mais je sais que c’est l’une des voies pour gagner en souveraineté numérique », est-il convaincu.
Investir dans les infrastructures et la formation numérique
En attendant d’atteindre ce niveau improbable de souveraineté numérique chinoise, Idriss N’Daho, recommande aux gouvernements d’investir, d’abord, dans les infrastructures, surtout dans la construction de centres de données. « Je salue le régulateur qui nous pousse à héberger nos données ici », a-t-il souligné. Ensuite, investir dans la formation de compétences techniques qui, elles, pourront peut-être, un jour, répliquer l’équivalent des applications comme Facebook, TikTok, WhatsApp, etc., en Afrique.
Des consommateurs gourmands de produits digitaux
Pour l’heure, les deux panélistes constatent que les Africains restent des consommateurs gourmands de produits digitaux, principalement de contenus de divertissement parce que les algorithmes, après analyse des données africaines, ont conclu à une appétence sans limite des Africains pour ce type de contenus. Ils en veulent pour preuve, « Djénéba Djaba » qui fait des millions de vues sur les réseaux pendant que des contenus de formation, d’informations numériques, et les innovations font 3, 4 ou 10 vues.
K. Bruno