En 2024, le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation a enregistré 3619 cas de fraude aux examens dont 574 au BEPC et 3045 au BAC. En 2023, les faits de tricherie s’élevaient à 1932, en Côte d’Ivoire. Cette pratique, qui n’est pas nouvelle dans le pays, a, cependant, pris une forme nouvelle. Désormais, la tricherie se conjugue avec internet, les applications des réseaux sociaux et de l’IA.
Méthodes de tricherie aux examens du BEPC et du BAC : « du pétrole » à l’IA
La tricherie aux examens du BEPC et du Baccalauréat en Côte d’Ivoire est une vieille pratique.
« En Terminale, en 1991, lorsque je passais le BAC, je me souviens que « le pétrole » était sorti deux jours avant l’examen. Mon père l’a acheté, je me suis concentré dessus, mais le jour de l’examen, les épreuves étaient différentes du pétrole. Heureusement que j’avais bossé un peu, et Dieu merci, j’ai eu le BAC avec mention », se souvient YKA.
A ce moment-là, la forme la plus répandu de tricherie au BAC et au BEPC, c’était de disposer des épreuves et de leurs corrections avant le jour des examens. On appelait ça « le pétrole ». Sauf qu’il arrivait que « le pétrole » qui circulait soit différent de la compo mise sur la table des candidats, le lundi matin. On parlait alors de pétrole mouillé. Les anciens en savent quelque chose. Beaucoup se sont fait avoir. Ils ont payé « très cher » pour, au final, se retrouver, le matin devant une épreuve de philosophie coefficient 7 en série A qui n’avait rien à voir avec le pétrole.
Avec le temps, le système du pétrole a disparu. Pas la tricherie. Celle-ci a évolué. Elle se pratique ces dernières années à l’aide d’outils technologiques, quelquefois avec l’accord tacite des examinateurs contre espèces. Entretemps, internet, téléphones, IA et réseaux sociaux se sont développés. Ils sont plus accessibles et faciles d’usage pour les élèves. Ces derniers, en bons tricheurs, ne rechignent pas à déployer ruses et astuces pour les dissimuler en salle d’examen.
« Avec l’IA qui a réponse à tout aujourd’hui, la situation s’est aggravée », ironise un parent d’élève.
Les outils d’IA de lutte contre la tricherie aux examens
Mais, autant l’intelligence artificielle sert la cause de la tricherie, autant cette technologie peut aider la ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Mariétou Koné, dans sa cause : « Ensemble pour zéro fraude en Côte d’Ivoire ». Comment ? Selon des spécialistes, l’IA offrirait des solutions.
Par exemple, en amont, l’intelligence artificielle peut être utilisée pour l’analyse comportementale des candidats à travers des logiciels de proctoring. Ces logiciels ont la capacité de détecter les mouvements suspects, les regards fuyants, les changements de voix… Ces attitudes louches sont passées au peigne fin par des algorithmes capables d’alerter en temps réel les surveillants et les chefs de centre. Un tricheur n’est jamais serein.
L’Etat ivoirien peut aussi installer dans les salles d’examen, des caméras intelligentes dotées de reconnaissance faciale permettent de vérifier que le candidat présent est bien le bon. Ainsi, l’autre vieille technique de tricherie qui consister à faire composer quelqu’un d’autre qu’on estime mieux préparé et plus calé à la place du candidat nul enregistré dans les fichiers de l’Education nationale, prendrait fin. Mieux, ces caméras peuvent repérer les échanges de papiers, les communications furtives ou les gestes suspects entre candidats et entre candidats et examinateurs « corrompus ».
Mettre en place de telles technologies a un coût, certes. Mais face aux pertes engendrées par la tricherie aux examens, le jeu en vaut la chandelle. Plusieurs pays africains comme le Rwanda ou le Ghana ont entamé cette transition technologique. Pourquoi pas la Côte d’Ivoire ?
K. Bruno