La transformation numérique et la digitalisation de l’administration publique ivoirienne, l’adoption de l’intelligence artificielle, etc., c’est bien. Mais encore faut-il pouvoir relever l’ensemble des défis qui les accompagnent pour en tirer des opportunités. Et ces défis sont nombreux.
Défi de la protection des données à caractère personnel
La question ne se pose plus. La transformation numérique, la digitalisation, l’IA et toutes les technologies émergentes connues ou à venir sont indispensables à la modernisation de l’administration publique en Côte d’Ivoire. Sauf que l’adoption de celles-ci nécessite de relever de nombreux défis que le directeur général de l’Ecole supérieure africaine des télécoms/TIC (ESATIC), Adama Konaté, a égrenés, récemment.
D’abord, les défis éthiques et juridiques liés à la protection des données à caractère personnel. Trait sur fait. Un weekend, M. X dit à sa femme, Mme A, qu’il se rend à Yamoussoukro pour un séminaire dans le cadre de sa profession. Sauf qu’il se retrouve à Assinie, à la plage, en compagnie d’une belle jeune fille aux formes généreuses, Mlle B. Celle-ci, pendant le séjour, prend des photos en compagnie de son « Sugar Daddy » qu’elle poste sur ses réseaux sociaux. Pour elle, il ne s’agit, ni plus ni moins, que de montrer à ses followers qu’elle mène la belle vie.
Hélas, par un pur hasard, Mme A, l’épouse de M. X, tombe sur ces photos. Et il s’ensuit ce qui doit s’ensuivre. « Bon, vous comprenez ou bien vous n’avez pas compris ? », ironise Adama Konaté, devant un auditoire, qui éclate de rires, parce qu’il se reconnait sans doute dans le fait, lors d’une conférence publique organisée par le Centre d’éducation à distance de Côte d’Ivoire (CED-CI), à son siège, à Abidjan, en août 2025.
« Ah, vous avez compris ! En fait, l’image, avant de la prendre, doit respecter un certain nombre de conditions avant d’être publiée », prévient-il.
1% de fonctionnaire sait utiliser un ordinateur
Ensuite, le défi du changement. « C’est le plus dur », selon directeur général de l’ESATIC. En 2012, un diagnostic a été fait dans le cadre de la Stratégie nationale du numérique. Ce diagnostic révèle que seul 1% des fonctionnaires sait utiliser correctement l’ordinateur. Certes, de 2012 à aujourd’hui, les choses ont changé, mais ce changement se fait à pas de tortue.
« Lorsqu’on demande aux fonctionnaires, par exemple, d’adopter une adresse électronique, ils font de la résistance parce qu’ils soupçonnent l’administration d’intentions d’espionnage. Mais, tu es dans l’administration, et pour le travail que tu fais, en utilisant une adresse électronique autre que celle de l’administration, cela peut créer des problèmes de sécurité. Donc, il faut qu’on y aille. N’ayons pas peur », lance Adama Konaté.
Que dire des défis financiers et logistiques ? C’est que la transformation numérique nécessite des infrastructures, des ordinateurs, des tablettes, des data centers, l’égal accès à internet, la couverture des zones blanches, etc.
« Ça va coûter cher pour nos budgets nationaux. Et puis, il y a la durabilité des équipements. Vous voyez, tous les deux ans, il faut renouveler les machines, parce que les nouvelles technologiques arrivent et elles imposent de nouveaux équipements ».
Défis, sociaux, humains, financiers et logistiques
Enfin, les défis sociaux et humains, les compétences numériques, la crainte du remplacement des emplois.
« L’organisation de nos systèmes de formation doit changer. A l’ENS, dans nos universités, nous devons changer notre façon d’enseigner, de former. On a peur que les emplois soient remplacés par l’IA. Mais celui qui ne se forme pas, il va être remplacé. D’ailleurs, des outils de formation existent. Moi-même, je suis arrivé, dimanche soir, de Kouto. Et c’est seulement hier soir qu’on a commencé à travailler sur cette conférence. Au bout de deux heures, on avait fini, parce que nous nous sommes fait aider par IA », admet Adama Konaté.
En fin de compte, le directeur général de l’ESATIC appelle à la démocratisation de la formation en informatique, en TIC, en Big Data. Et pourquoi pas l’inscrire dans le programme du cycle primaire.
Il encourage, du reste, la collaboration entre l’homme et l’IA, le renforcement de la gouvernance et de la régulation au niveau de l’ARTCI et des autres agences étatiques, et à ne surtout pas mettre à la marge, la sécurisation des systèmes d’informations à travers un vrai projet de cybersécurité.
K. Bruno




































