« D’ici à 15 ans, toutes les entreprises seront digitalisées. » C’est ce que pense Isaac Bayoh, directeur général de FuturAfric. Il l’a fait savoir lors de la conférence de presse du lancement des B2B Digital Days, le vendredi 2 mai 2025, au Palm club d’Abidjan-Cocody. Et cela ne relève pas d’une projection futuriste, mais d’une réalité déjà en marche. Les exemples ne manquent pas.
Services financiers et éducation digitalisés
Par exemple, dans le domaine financier, des plateformes comme Wave, Orange Money, MTN Money, Moov Money et CinetPay transforment la manière dont les populations accèdent aux services bancaires.
En quelques clics, un agriculteur peut recevoir un paiement pour sa récolte, un commerçant peut régler son fournisseur et on peut transférer de l’argent à des proches ou partenaires entre villes et pays à moindre coût. Ces solutions réduisent la fracture numérique financière et favorisent une meilleure inclusion des populations rurales ou non bancarisées.
Et ce n’est pas tout. Le secteur de l’éducation est aussi bien irrigué en solutions digitales. Des plateformes comme Gomycode, Sama School Côte d’Ivoire et eLearning Ivoire forment une nouvelle génération de jeunes aux compétences numériques, allant du développement d’applications web à la cybersécurité. Ces écoles hybrides qui allient présence physique et modules en ligne, donnent aux apprenants les outils pour devenir les bâtisseurs de la Côte d’Ivoire numérique de demain.
Agriculture connectée et e-santé en attraction
Que dire de l’agriculture ivoirienne de précision ? Le numérique permet, en effet, de connecter les producteurs aux marchés, d’anticiper les périodes de sécheresse, d’optimiser les récoltes.
Des solutions comme e-agriculture Côte d’Ivoire, Zouzoukwa Market ou AgrixTech proposent aux exploitants des services de géolocalisation, de prévision météorologique, de vente directe via application mobile. Ces innovations permettent une meilleure rentabilité, une réduction des pertes post-récoltes et une intégration des agriculteurs aux chaînes de valeur.
La santé est également sous influence numérique. La plateforme Keiwa, par exemple, permet aux centres de santé d’optimiser la gestion des patients et des stocks de médicaments. D’autres outils comme Clikodoc Afrique, une application mobile gratuite développée pour faciliter l’accès aux soins de santé en Côte d’Ivoire, s’imposent dans le pays. Celle-ci permet, du reste, aux utilisateurs de réserver des rendez-vous médicaux en ligne, de se faire consulter à distance (téléconsultation) et de gérer les rendez-vous d’une famille depuis un seul espace.
Services publics en ligne et innovations technologiques industrielles
Les services publics ne sont en marge de l’impact numérique. L’administration publique ivoirienne est dans une démarche de digitalisation progressive. Avec service-public.gouv.ci, les citoyens peuvent effectuer diverses formalités administratives en ligne.
La plateforme e-impots.gouv.ci permet aux entreprises de gérer leurs obligations fiscales à distance, réduisant considérablement les files d’attente et les délais de traitement. Sans oublier la demande de certificat de nationalité en ligne. Ces services améliorent l’efficacité de l’État et la satisfaction des usagers.
Enfin, les innovations dans l’industrie. Des entreprises comme GS2E, spécialisées dans l’énergie, intègrent des technologies de pointe comme l’internet des objets (IoT) et l’intelligence artificielle pour surveiller en temps réel les équipements électriques, anticiper les pannes et optimiser la consommation d’énergie. Ce type d’innovation, comme bien d’autres déployées par les entreprises, illustre le potentiel immense de l’industrie 4.0 en Côte d’Ivoire.
Les défis de l’avenir numérique
Cependant, cette dynamique reste fragile. Des défis sont à relever. Entre autres, le coût élevé d’internet, les disparités d’accès, le manque de compétences techniques, l’absence de réglementation adaptée. Ces défis majeurs freinent l’adoption massive des outils numériques.
Par conséquent, des efforts soutenus doivent être engagés par les gouvernements africains pour développer les infrastructures, former les jeunes, encadrer les innovations et sécuriser les données.
Tout compte fait, l’avenir numérique de la Côte d’Ivoire repose sur la coopération entre le secteur public et le secteur privé, les startups, les universités et les bailleurs de fonds. Construire un écosystème inclusif où chacun trouve sa place, du petit commerçant de Bouaké au développeur d’Abidjan, n’est pas facultatif.
Emmanuella Godé