L’Afrique souffre d’un retard structurel en matière de cybersécurité. C’est que pense Mouhamadou Sall, ancien expert pour l’Unesco. Interrogé par Lepoint.fr, il tire la sonnette d’alarme…
Les experts africains en cybersécurité sont unanimes : L’Afrique doit se mobiliser pour combler à tout prix le déficit de compétences qui le frappe dans un domaine clé du numérique : la cybersécurité. Expert en TIC et président de l’école d’ingénieurs ECPI de Dakar, Mouhamadou Sall affirme, dans une interview au confrère Lepoint.fr, que l’Afrique doit se protéger numériquement par ses propres moyens.
L’Afrique sous la menace d’un chaos numérique
Le 3 mars 2023, l’Union africaine est victime d’une demande de rançon de 3 millions de dollars. Il s’ensuit un vent de panique face aux risques en matière de cybercriminalité. Mais surtout, cela montre que le continent est une cible facile des cyberattaques. Le 7 juin 2023, à Abidjan, le Cyber Africa Forum qui s’y tient prédit que l’Afrique est sous la menace d’un « chaos numérique ». Le 23 mars 2023, le premier sommet africain sur la cybersécurité, à Lomé, incite chaque « gouvernement africain à s’engager à mettre en place une stratégie politique et un cadre juridique national de cybersécurité ».
« Cela se justifie d’autant plus que la cybersécurité présente des enjeux économiques, stratégiques et politiques qui vont bien au-delà de la seule sécurité des systèmes d’information. Cependant, au-delà du caractère multidimensionnel de la cybersécurité, le plus gros problème de l’Afrique, à ce jour, c’est le déficit de compétences techniques en cybersécurité », déplore Mouhamadou Sall.
L’urgence de former des compétences en cybersécurité
Selon lui, pour être au diapason, l’Afrique doit former un maximum d’experts en numérique capables de prendre en charge les besoins sur le plan local national mais aussi de se positionner sur les marchés internationaux. « De quoi faire vivre cette phrase de Cheikh Anta Diop s’adressant aux jeunes : « Formez-vous ! Armez-vous de sciences et de techniques jusqu’aux dents. », rappelle l’expert en cybersécurité. Sa contribution, il l’apporte par la création à Dakar de l’École centrale polytechnique d’ingénieurs (ECPI).
Cette école forme des ingénieurs et des techniciens supérieurs dans les domaines des technologies numériques innovantes : software engineering, cybersécurité, intelligence artificielle, systèmes embarqués, Big data, objets connectés, télécommunications, microélectronique appliquées. Son programme de formation en cybersécurité est basé sur les retours d’expérience de très grands projets et du partenariat avec de grands organismes internationaux de certification en cybersécurité comme EC Council et PECB.
K. Bruno
(Source : Lepoint.fr)