Herman Ouedraogo est gestionnaire Grands comptes Yango Côte d’Ivoire. A ce titre, il a accordé une interview exclusive à Digital Mag, à la journée de célébration des conducteurs de VTC et livreurs de Côte d’Ivoire, le 1er mai 2025, jour de Fête du travail, à Yopougon Agora. Pour lui, « si nous arrivons à digitaliser le paiement des courses VTC, le conducteur paiera moins de commissions ». Il salue aussi la baisse du taux d’agression.
Quelles sont vos impressions à cette journée de célébration des conducteurs de VTC et livreurs, en ce jour de Fête du travail ?
C’est bien qu’on puisse se parler parce que rester chacun derrière son ordinateur, son téléphone ou son bureau, c’est un peu difficile de communiquer entre nous. Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent dans le milieu des conducteurs, que ce soit taxi VTC ou livraison. Cette rencontre d’aujourd’hui, jour de Fête du travail nous permet de nous parler en face, de comprendre les difficultés et de voir comment améliorer les conditions de travail des uns et des autres.
Parmi les préoccupations soulevées par les conducteurs VTC et livreurs, quelles sont celles auxquelles vous pouvez apporter des solutions immédiatement ?
D’abord, le défi sécuritaire, nous y sommes, que ce soit avec l’association des VTC, avec l’association des propriétaires de VTC, avec le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, ou avec tous les commissaires de police du district d’Abidjan. Nous sommes tous déjà à la table de discussion avec ceux qui doivent nous défendre, ceux qui doivent protéger nos conducteurs, livreurs et taxis. Je peux dire qu’on y va tout doucement, mais sûrement. On a déjà interpellé plusieurs personnes dans le cadre de la sécurité des VTC, mais il y a encore beaucoup de choses à faire. L’État est avec nous, il nous soutient, on essaie ensemble d’aller plus loin pour protéger nos différents conducteurs. D’ores et déjà, il y a eu quelques d’améliorations. On est passé, disons de 10-15 agressions par mois à moins d’une agression par mois.
Les conducteurs se plaignent de la commission de Yango qu’ils jugent trop élevées. Comment y remédier ?
Concernant la commission, c’est parce que nous sommes dans un système de paiement en espèces que le conducteur se plaint. Si nous arrivons à digitaliser le paiement dans l’activité des VTC, vous verrez que le conducteur va moins se plaindre parce qu’en réalité, ce n’est pas le conducteur qui paie, c’est plutôt le client qui paie. Vous devez savoir que la commission, c’est une partie de l’argent que le client paie au conducteur après sa course. Mais puisque nous sommes dans un système où le client paie en espèces au conducteur, Yango doit trouver un moyen de récupérer sa commission. Et c’est là que la commission monte.
Si tous les clients de Yango utilisaient les moyens de paiement digitaux, le conducteur ne sentirait même pas le prélèvement de la commission de Yango parce que l’argent serait débité directement sur la carte ou sur le compte Wave ou Orange Money du client. Et cela allait mettre moins de pression sur le conducteur. Il reste toutefois des précisions à faire. Yango ne prélève pas 23 % de commission comme cela est répandu dans le milieu des VTC. En réalité, la commission de Yango se présente comme suit : 18 % pour la course économique et 23 % pour la course confort. Cette dernière est, en revanche, celle où les conducteurs gagnent plus. Donc, si on fait une moyenne de la commission de Yango, on est autour de 20 %.
Comment qualifierez vous la relation entre Yango et les conducteurs de VTC et livreurs ?
C’est une relation d’amour. Comme dans toute relation, il y a quelquefois des palabres, et après on se réconcilie. Mais dans l’ensemble, ils savent que nous sommes ensemble, embarqués dans le même bateau. Nous sommes des partenaires d’affaires, et c’est ensemble qu’on peut changer le visage du transport en Côte d’Ivoire, c’est ensemble qu’on peut améliorer le service VTC, c’est ensemble qu’on peut fournir un service de transport connecté de qualité aux Ivoiriens.
Pourquoi quand il pleut, les prix des courses Yango grimpent ?
C’est la loi de l’offre et de la demande. Et puis, ce n’est pas seulement quand il pleut. Aux heures de pointe, au Plateau (centre des affaires d’Abidjan, NDLR), s’il y a beaucoup de demandes et qu’il y a moins d’offre, le prix monte. Entre nous, supposons qu’il est 18 heures au Plateau, qu’il y a beaucoup d’embouteillages, et un conducteur qui se trouve à Adjamé doit venir chercher un client au Plateau. Vous convenez avec moi qu’il va comptabiliser le temps perd en route et le carburant consommé dans les embouteillages. Donc, à 18h, pour parcourir un trajet, il ne va passer le même temps qu’il passe à 8 heures ou 10 heures, par exemple.
Peut-être passe-t-il 5 minutes à 8 heures ou 10 heures, pour arriver au Plateau, alors qu’à 18 heures, il peut y passer 2 heures. Donc, on ne peut pas proposer au conducteur le même prix, selon les tranches horaires, ce n’est pas rentable pour lui. C’est pourquoi le prix monte. Et ici, Yango n’a rien inventé. Avant l’arrivée de Yango sur le marché, avec les conducteurs de taxi compteurs, c’est ce qui se faisait aux heures de pointe, quand il pleut et aux heures tardives. Mais, comme avec les VTC, le système s’est digitalisé, les Ivoiriens se plaignent, sauf que par le passé, c’était la pratique, c’était dans nos usages avec les taxis compteurs et autres.