Un colloque international et pluridisciplinaire « Technologie et Santé » s’est déroulé les 27 et 28 mai 2025, autour du thème : « Défis de la fédération des acteurs de la santé numérique ». Il était organisé par le Groupement des acteurs de la santé numérique de Côte d’Ivoire (GASN-CI). A l’occasion, Dr. Trévor Willard, directeur général de la Clinique connectée, consultant en politique d’intelligence artificielle, a accordé une interview exclusive à Digital Mag. Pour lui, l’IA augmente les savoirs humains mais ne peut voler leurs métiers.
Quel est l’impact de la technologie dans le secteur de la santé ?
La technologie augmente notre capacité à réagir. L’outil augmente notre savoir. L’outil peut nous voler notre capacité à réagir, mais pas notre métier. Le métier, lui, il reste. L’outil, lui, permet de nous mettre à jour, d’attirer notre attention sur des choses qu’on ne fait plus. Aujourd’hui, le système intelligent permet à un professionnel de la santé de faire la synthèse des données du patient. Donc, il y a l’aide au plan thérapeutique et le médecin prend la décision après la proposition de l’outil, il ajuste comme il faut pour accompagner son patient comme il se doit. Ça se passe comme ça dans divers domaines. L’outil n’efface pas l’emploi. Il rappelle plutôt à l’homme qui dormait sur ses lauriers qu’il faut qu’il fasse plus pour mériter sa place.
Quelles problématiques de santé l’intelligence artificielle peut-elle résoudre ?
Ce colloque porte sur la technologie et la santé. Il fait appel aux moyens de distance avec les terminaux tels que le téléphone, l’ordinateur, la tablette, les objets connectés pour permettre aux patients de garder le lien, quelle que soit leur zone de résidence, avec les professionnels de la santé. La problématique à laquelle nous tentons de répondre, ce sont, d’abord, les réponses que la technologie peut apporter à un certain nombre de préoccupations dans le secteur de la santé.
Les populations disent parfois qu’elles n’ont pas besoin de certains médicaments que les médecins leur prescrivent. Elles disent aussi que ce sont des médicaments qu’elles ont déjà achetés. Elles disent également que, quand elles arrivent, sans leurs carnets de santé, à l’hôpital, les médecins leur prescrivent des médicaments qu’elles ont déjà achetés. Donc, qu’elles dépensent de l’argent inutilement. Les populations parlent encore de certains examens médicaux qu’elles ont déjà faits. Mais, comme il n’y a pas d’historique médical, ces éléments ne sont pas pris en compte, donc les gens sont obligées de repayer pour ces examens-là. En tant que Groupement des acteurs de la santé numérique, il est important pour nous d’en parler.
Les données des patients que vous collectez sont-elles protégées sur des data centers locaux ?
Le ministère de la Santé rendra ça officiel, sinon, c’est doté de data centers, ce qui permettra de rapatrier les données. Jusque-là, ces données étaient dispersées sur plusieurs serveurs à l’extérieur. Mais, nous allons les rapatrier au pays et commencer à les traiter pour avoir des données qualifiées. On ne pouvait pas attendre de traiter toutes ces questions, de relever tous ces défis avant de commencer. On met le train en marche. Les autorités de régulation ont mis les mécanismes qu’il faut en place pour booster et rendre les structures robustes et fiables afin que tout le monde profite des avancées de la technologie de la manière la plus efficace et la plus fluide.
Que pensez-vous de l’interopérabilité dans le secteur de la santé ?
Pour une numérisation efficace et digitalisée, l’interopérabilité est le socle structurel, c’est l’architecture. Si moi je conçois une application mobile ici ou une plateforme de santé digitale qui ne parle pas le même langage avec vous qui êtes ailleurs et qui avez conçu aussi, quelque chose, si nos systèmes n’arrivent pas à se parler, on ne peut pas prendre ces éléments en compte. Or, quand on va sur la base de l’architecture qui est déjà dessinée, quand on entre dans l’architecture, ça facilite au bout de la chaîne, l’utilisation de l’outil de la façon la plus optimale.
Entretien réalisé
Par L. Meité