Le e-commerce ou la vente en ligne est bien installé en Côte d’Ivoire. Du moins dans la région d’Abidjan. En revanche, les villes de l’intérieur du pays et les zones rurales ne sont pas encore exploitées par les entreprises de ce secteur d’activité en forte croissance.
Selon les chiffres de l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC (ARTCI), la Côte d’Ivoire compte 40 millions d’abonnés mobile. Sur cette population connectée, seules 5 millions utilisent les plateformes digitales pour effectuer des achats en ligne. La concurrence est, par conséquent, rude entre les entreprises d’e-commerce à l’effet de capter le plus grand nombre de clients sur cet échantillon. Un échantillon qui se compte exclusivement dans la région d’Abidjan.
E-commerce : concentration à Abidjan
Qu’en est-il des villes de l’intérieur du pays et des zones rurales ? « Selon le constat que j’ai fait, la clientèle des entreprises du e-commerce se trouve à Abidjan. Elles n’ont pas de stratégie commerciale leur permettant de maximiser l’action client dans les zones urbaines, à l’intérieur du pays et dans les zones rurales », alerte Magloire N’Déhi, chef du bureau Abidjan de la Fondation Friedrich Naumann.
Pourtant, ces zones regorgent de potentialités numériques et d’individus disposant de téléphones de dernière génération, utilisant les plateformes numériques, les ordinateurs, au même titre que ceux de la région abidjanaise. Mieux, le besoin d’achat en ligne existe. En fait, il est incompréhensible que Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire, Bouaké, la deuxième ville de Côte d’Ivoire, San Pedro, le deuxième port de Côte d’Ivoire, etc., ne soient pas pourvues en écosystème de e-commerce. Pas plus qu’ils ne sont pourvus en VTC comme Yango, Uber.
Un marché de 35 millions d’utilisateurs de téléphones à conquérir
Sur la base des chiffres d’utilisateurs de téléphones intelligents (40 millions), il reste donc un marché de 35 millions d’abonnés mobile à conquérir. Ici, Magloire N’Déhi regrette que l’ensemble des acteurs du secteur du e-commerce se focalise sur la masse critique de 5 millions au lieu de rechercher de nouvelles sources de consommation. « Ce qui fait que c’est beaucoup plus à Abidjan que le e-commerce semble développé », dit-il.
Il est évident que le défi de la maitrise du fonctionnement du système e-commerce par une certaine couche de la population, qui se trouve à l’intérieur du pays et dans les zones rurales, reste à relever. Cette maitrise pose même problème, en raison du faible niveau de scolarisation et d’alphabétisation. Mais, des solutions existent. La plus pertinente, selon le chef du bureau Abidjan de la Fondation Friedrich Naumann, c’est la formation.
Relever le défi de la maitrise de l’e-commerce
« En Tanzanie, lorsque nous avons participé au rapport pour la structure ZOLA, nous avons constaté que si les commandes se font en ligne, les paiements devraient aussi pouvoir se faire en ligne. Malheureusement, sur 10 personnes, seuls 2 ou 3 savent le faire. Les autres, n’ayant pas été formés, n’y arrivent pas », a-t-il argumenté. Les entreprises de e-commerce gagneraient alors à favoriser un environnement favorable et une communication agressive vers cette cible.
Simplifier les outils numériques et leurs accès
En commençant par simplifier leurs outils numériques et leurs accès afin d’élargir leurs cibles. Elles pourraient, dans cette perspective, s’appuyer sur des partenaires locaux, régionaux… On ne s’engage que dans ce qu’on comprend. Une fois que les populations des zones urbaines de l’intérieur du pays et des zones rurales comprendront le fonctionnement du e-commerce et auront confiance en ce système d’achat, elles l’adopteront sans crainte. Et le marché sera ouvert. Pour l’heure, il reste enfermé à Abidjan.
K. Bruno