La Société des technologies et de l’ingénierie informatique (2T2I) a organisé, en collaboration avec l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés en Côte d’Ivoire (APSFD), un workshop, destiné aux dirigeants et responsables des services financiers décentralisés (SFD) autour du thème : « Microfinance digitale & conformité : Innover, sécuriser, inclure », le 12 juin 2025, à Abidjan-Cocody.
L’objectif de ce séminaire était de partager les meilleures pratiques, solutions technologiques et retours d’expériences liés à la digitalisation du secteur de la microfinance. « Dans un environnement en constante mutation où les institutions de la microfinance font face aux nouveaux défis tels que la digitalisation, l’accélération des services, les exigences en matière de conformité et l’inclusion financière, tout en maitrisant les risques, il est important de renforcer les capacités des institutions de microfinance en matière digitalisation et de conformité », a expliqué Charles Da, repressentant le directeur exécutif de l’APSFD, Cyrille Tanoé.
Avantages liés à la digitalisation des services financiers
Dans une démonstration, Silim Mbazara, Business developpement manager de Talys (partenaire technique de ce projet), a exposé les avantages liés à digitalisation des services. A savoir, le gain de temps opérationnel, la réduction des erreurs manuelles et la traçabilité renforcée des opérations. Selon lui, un SIC intégré au processus métier permet aux SFD de piloter en temps réel le cycle de vie de l’usager, du KYC à l’octroi de crédit, en passant par le recouvrement et le reporting règlementaire.
« Une conformité automatisée (AML/KYC/ audit) permet d’automatiser les contrôles réglementaires dans les SIG, de renforcer la sécurité, d’éviter les sanctions et de simplifier les audits, de faire des alertes automatiques sur les transactions suspectes, l’archivage des pièces KYC et la gestion des échéances réglementaires, ainsi qu’une opération automatique des rapports BCEAO/ CIF/COBAC. Les e-payement, eux, permettent d’offrir des services des paiements digitaux à ses partenaires et de disposer d’un outil d’agrégation des comptes bancaires, des paiements via mobile money, USSD ou QR Code, avec des passerelles bancaires et la réduction des fils d’attente et de gestion de la liquidité », a-t-dit.
Réglementation BCEAO en matière de digitalisation des institutions de microfinance
Pour sa part, Paul Eric Sahly, directeur général adjoint de 2T2I, a indiqué la réglementation de la BCEAO fait désormais obligation aux institutions de microfinances d’avoir un niveau digitalisation avancé leur permettant de gérer leur métier (reporting, octroi de crédit, recouvrement) de façon digitale grâce à un cloud souverain. « C’est une solution flexible et moins coûteuse », a-t-il noté.
Enfin, Elidjé Ampoh Dieudonné, directeur général du Crédit agricole du Sud Comoé, participant à cette formation, a retenu que la digitalisation est une nouvelle donne. « Les grandes structures ont déjà commencé leur mue, il est important donc que les microfinances leur emboîtent le pas si elles veulent atteindre le plus grand nombre et faciliter leurs moyens de paiements », a-t-il prévenu.
Statistiques télécoms en Côte d’Ivoire et taux de bancarisation (2024)
Selon les statistiques, le taux de pénétration du téléphone mobile en Côte d’Ivoire est de 185%, 108% pour l’internet mobile, 82% pour le mobile money. Le taux de couverture du réseau mobile dans le pays est de 86% et le ratio de smartphone est de 1,2/habitant, c’est-à-dire que 89% de personnes ont un smartphone en Côte d’Ivoire (chiffres ARTCI, 2024).
Dans le même temps, le taux de bancarisation est passé de 17,21% en 2017 à 31,2% en 2023 grâce à l’usage accru du mobile money. L’utilisation des services de microfinance est passée de 8,3% à 12,4% quand l’utilisation des services monnaies électroniques est passée de 46% à 81% (chiffres officiels). Autant dire que la microfinance digitale est une mine d’or sur laquelle, il convient de surfer.
Eugène Yao