L’écosystème des start-ups était au cœur de la présentation de Nvalaye Kourouma, au lancement de la 4ème édition du concours Y’ello Start-up de MTN-CI. Un ancien de l’INP-HB de Yamoussoukro qui a réussi à lever des fonds aux Etats-Unis pour financer sa start-up. C’était il y a bien longtemps.
Nvalaye Kourouma est expert de la transformation et de l’innovation. Il dirige en ce moment la transformation numérique du groupe Ecobank. Au début des années 2000, il part aux Etats-Unis poursuivre ses études, après quelques années passées à l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny. Au pays de l’oncle Sam, il se découvre un talent d’entrepreneur, de start-up.
Il ose. La chance lui sourit. À la recherche de business angels, il se retrouve, en 2007, devant des investisseurs américains pour leur présenter son projet. La suite, il la raconte, au cours du panel qui succède à la présentation de Y’ello Start-up de MTN Côte d’Ivoire, un concours de projets ouvert le jeudi 7 juillet 2022, au Casino du Sofitel Hôtel Ivoire, à Cocody.
L’importance des business angels dans l’écosystème des start-ups
« Je fais un pitch de 20mn devant des investisseurs qui ne connaissent rien de l’Afrique, des investisseurs habitués à investir sur des projets aux Etats-Unis, en dehors des Etats-Unis, c’est vraiment difficile pour eux de faire la concession », avance-t-il.
« À la fin, précise l’Ivoirien qui veut gagner sa place dans le monde des affaires américain, le chef de file des investisseurs dit : « on ne connait absolument rien de l’Afrique, tout ce que tu dis peut, carrément, être (un mauvais projet), mais tu sembles avoir la conviction et la passion de ce dont tu parles. Donc, on te donne la chance de nous prouver que ce que tu veux faire ». Et j’ai eu mon premier chèque de 25 mille dollars ».
Pour Nvalaye Kourouma, seul l’écosystème permet à des investisseurs d’accorder leur confiance à un projet et d’y investir. « Évidemment, ils m’aident à mettre l’équipe en place, à avoir tous les éléments, etc. En 2009, précisément le jeudi 13 octobre, alors qu’on a déjà fait plusieurs rounds de financements, qu’on est sur le dernier, qu’on a passé les différentes étapes : concepts-produit-marketing, qu’on a signé un accord de financement de 12 millions de dollars afin de commercialiser le produit, le marché Wall Street crashe », se souvient-il.
La relation : un bouclier contre les chocs et échecs des start-ups

« Et là, plus personne ne répond au téléphone. Les accords de financements signés, les investisseurs engagés, personne ne répond au téléphone. Une semaine après, les emails qu’on reçoit remettent en cause les signatures engagées. C’est le genre de choc qui arrive mais l’écosystème permet de les absorber. Dans un environnement autre, cela aurait été une fin d’aventure entrepreneuriale », rappelle Nvalaye Kourouma.
« Mais, ajoute-t-il, parce qu’on avait un écosystème, surtout les relations, parce que j’avais des gens à qui parler, des personnes exactement dans la même situation que moi, avec qui on partageait des idées, on envisageait différentes options, on se supportait moralement, nous avons tenu le choc ».
Autrement dit, dans l’univers des start-ups, le talent des acteurs, les investisseurs, l’administration, le régulateur, le gouvernement, sont, certes, indispensables, mais l’élément « qui, à mon sens, tient toute la chaine, c’est bien les relations qu’on arrive à bâtir ». « C’est elles qui permettent à l’écosystème de se développer, de rendre l’entreprise viable et d’éclore pour finalement en faire une Licorne ».
Les start-ups africaines ont levé 4,5 milliards de dollars en 2021
D’ailleurs, estime le chef de la transformation digitale du groupe Ecobank, les start-ups africaines ont bel et bien du potentiel, les moyens d’être des Licornes. Pour preuve, « l’année dernière, (elles) ont levé 4,5 milliards de dollars sur toute l’Afrique. L’année précédente, c’était autour d’1,5 milliard de dollars. Donc, il y a un intérêt énorme du monde de l’investissement dans la technologie en Afrique », est-il convaincu.
Tout simplement parce que, pour la première fois, le monde occidental regarde le monde en développement pour trouver des solutions à des problèmes spécifiques. Entre autres, dans les secteurs de la finance technologique, de l’identification, de l’agriculture. « Et cela est seulement possible grâce à la technologie », souligne Nvalaye Kourouma.
Sous le regard admiratif de Djibril Ouattara, CEO de MTN CI, M. Cédric Mangaud, CEO MAFA HOLDING and co-founder of Saviu venture, Mme Florence Tahiri epse Fadika, conseiller technique, ministère de la Communication et de l’Economie numérique, tous panélistes, l’intervenant poursuit.
« Y’ello Start-up est un outil, mais le véritable produit, c’est vous »
C’est sur ces chantiers que le monde attend des start-ups qu’elles fassent preuve de créativité. D’où l’intérêt du concours Y’ello Start-up. Une initiative qui devrait permettre de booster l’entrepreneuriat en Afrique francophone, zone qui accuse du retard dans la fabrication de Licornes, comparée à l’Afrique anglophone. À elle seule, cette région africaine compte les 10 plus grandes start-ups d’Afrique.
Une situation que beaucoup déplorent sans vraiment avoir la panacée. Pour y remédier, Nvalaye Kourouma, lui, donne un conseil aux start-ups ivoiriennes : « Cette compétition n’est qu’un outil. Le véritable produit, c’est vous-mêmes. C’est sur vous qu’il faut investir. Si vous investissez sur vous-mêmes et que vous arrivez à développer vos capacités personnelles, les autres investiront sur vous. Ce n’est pas la compétition qui va vous faire, c’est vous-mêmes qui vous ferez ».
Ainsi dit, ainsi faut-il faire !
K. Bruno