Ces 15 dernières années, près de 100.000 petits emplois liés au numérique ou emplois indirects ont été créés en Côte d’Ivoire dans le Mobile Money, les VTC, le commerce en ligne et la livraison. Ce chiffre est une estimation qui tient compte des déclarations des quelques grands acteurs du secteur et d’une source à la DGI.
VTC : environ 50.000 petits emplois liés au numérique créés
Le secteur des Véhicules de transport avec chauffeur, lui, a connu un essor avec l’arrivée de l’entreprise russe Yango en 2021. Au début difficile à utiliser, il a fallu de très peu de temps aux Ivoiriens pour comprendre son fonctionnement. Il s’est ensuivi une adoption massive, surtout à Abidjan.
Avec la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) en Côte d’Ivoire, les VTC se sont étendus aux villes de l’intérieur comme Bouaké, San Pedro et Korhogo. Une chose entrainant un autre, des petites et moyennes entreprises se sont constitués autour de l’activité pour en faire une niche fournie d’emplois pour les Ivoiriens.
« Aujourd’hui, nous pouvons évaluer les utilisateurs des applications à près de 20.000 conducteurs qui font plus d’1.000.000 de courses journalières », soutient Boga Ozidjé Guy Charles, secrétaire général par intérim du Syndicat national des chauffeurs de VTC en Côte d’Ivoire (SYNACVTCCI). D’autres sources estiment à près de 50.000 conducteurs de VTC sur l’ensemble du pays. Mais combien gagne un chauffeur de VTC ? « Par jour, je gagne entre 5 000 et 10 000 FCFA.
Donc, le mois, je tourne autour de 250.000 FCFA », répond Junior Kamenan, conducteur de VTC, interrogé par Digital Mag. Il précise, par la suite, qu’il travaille avec plusieurs applications, notamment Heetch, Uber, GoTaxi, mais principalement avec Yango « étant donné que cette entreprise a la plus large clientèle ».
Pour tout dire, le secteur des VTC est rentable en Côte d’Ivoire. Il reste, toutefois, des défis structurels à relever. D’abord, selon Boga Ozidjé Guy Charles, les commissions de service élevées. « La commission de Yango dépend du type de course. Pour la classe éco, c’est 18 % sur chaque course et pour la classe confort 23 % », relève le conducteur Junior Kamenan. « C’est trop », dit-il. Ensuite, l’instabilité des emplois. « Les indépendants n’étant liés aux applications et propriétaires de flotte par un contrat à durée indéterminée, cela ne garantit pas la stabilité de l’emploi », déplore le secrétaire général du SYNACVTCCI.
Mobile Money : environ 25.000 petits emplois liés au numérique créés
Ce réseau de distribution inclue les points de vente du Mobile Money, autrement les points de dépôts et de retraits d’argent qui pullulent dans les quartiers du pays. Ces points de vente sont tenus par des petits gérants à qui des salaires, généralement au-dessus du SMIG (75.000FCFA) sont versés chaque mois.
Dans une autre déclaration du directeur général de Wave Côte d’Ivoire, Kartier Bamba, lors du B2B Digital Day, il estimait à 17.000 le nombre de points de dépôts et de retraits d’argent que compte l’entreprise au Pingouin en Côte d’Ivoire. La plupart des points de vente Mobile Money englobent des offres de Wave, d’Orange Money, de MTN Money et de Moov Money.
Autant de lieux privilégiés de transactions financières, autant de salariés à la charge des sous-traitants de ces entreprises. Tous sont liés par des partenariats gagnant-gagnant. Par cumul de ces chiffres, on estime à près de 25.000 petits emplois liés au numérique ou emplois indirects dans le secteur du Mobile Money en Côte d’ivoire.
Service de livraison et de commerce en ligne : entre 20-25.000 emplois indirects créés
Quant au service de la livraison et de la vente en ligne, à travers Facebook, TikTok et WhatsApp, aucun chiffre n’est disponible. C’est que les acteurs du secteur évoluent presque « au noir ». « Ici, les gens ne passent pas, forcément, par des applications e-commerce pour vendre et effectuer livraisons.
Un gars ou une bonne dame a de la marchandise qu’elle veut vendre, elle va sur ces plateformes internationales, fait ses publications, et la suite de la transaction se fait par téléphone. Donc, on ne sait vraiment pas combien ils sont les livreurs et les vendeurs en ligne. Ce qu’on sait, c’est qu’ils sont nombreux et qu’ils échappent au fisc.
Par conséquent le gouvernement réfléchit à un moyen de réglementer ce secteur », indique une source à la DGI. On peut estimer, selon notre source, à 100.000-150.000 le nombre de commerçants en ligne Facebook et TikTok et les livreurs. Mais combien gagne un livreur ? « Je n’ai pas de salaire mensuel, mais un gain journalier qui varie selon le nombre de colis que je livre.
Généralement, quand je donne la part du propriétaire de la moto, disons 7000 FCFA par jour, je peux avoir entre 5000 et 10000F par jour. Le dimanche, dans l’accord verbal avec le propriétaire de la moto, la recette me revient entièrement. En gros, par mois, je gagne, si on peut le dire un peu plus de 200.000 FCFA », soutient Joël Dago, livreur.
« L’avenir des VTC et de la livraison est prometteur grâce à l’urbanisation accélérée. De plus, à cause des problèmes de transport public, les VTC et les motos de livraison viennent répondre à un défi. Ils offrent de la qualité de service avec du confort et de la sécurité pour les VTC, face aux taxis traditionnels et les autres formes de transport public.
Et pour les motos de livraison, la rapidité et l’assurance de recevoir son colis puisque les motos ont les moyens de contourner les embouteillages dans Abidjan. Et puis, les utilisateurs passent les commandes de services de VTC et livraison sans se déplacer. C’est un gain de temps, d’argent en plus de l’accès aux zones reculées », déclame Boga Ozidjé Guy Charles du syndicat des VTC.