Entre la loi sur la protection des données, et son respect, il y a un gouffre que les Ivoiriens n’ont aucun mal à violer. A partir de leurs smartphones, ils filment tout et diffusent tout. Tant pis, si la vie privée des autres est exposée sur la toile…
La scène se déroule dans la commune de Yopougon, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Un incendie vient de se déclarer dans un hôtel de passe. Cernés par les flammes, les clients s’éjectent par les fenêtres. Certains sont à moitié vêtus, d’autres sont carrément dévêtus.
Un hôtel en feu, des clients filmés nus
Dans cet hôtel, les clients passent du bon temps en compagnie de personnes qui ne partagent pas leur vie quotidienne. Autrement dit, hommes et femmes s’y cachent pour commettre infidélité et adultère. L’incendie et la débandade qui s’ensuivent, dévoilent leurs secrets. Surtout lorsque les riverains se saisissent de leurs smartphones pour filmer ces hommes et femmes infidèles et adultérins.
Leurs images sont répandues sur les réseaux sociaux par des badauds goguenards. Pour ces derniers, qu’est-ce qu’un faisceau de dommages matériels ou immatériels causé par un post indiscret ? Que des gens filment d’autres gens en détresse ou pas, et diffusent les images sur les plateformes numériques, est illustratif de l’ignorance totale de la loi sur la protection des données à caractère personnel régissant les activités numériques en Côte d’Ivoire.
Violation de la loi sur la protection des données personnelles
Adoptée le 19 juin 2013, la Loi N° 2013-450 du 19 juin 2013 relative à la protection des données à caractère personnel, protège les informations relatives à une personne physique susceptible d’être identifiée sur internet. Une donnée personnelle, c’est par exemple, un nom, une photo, une empreinte, une adresse mail, un numéro de téléphone, un enregistrement vidéo et vocal, etc.
L’ARTCI est chargée de leur protection. Elle veille à ce que l’usage des TIC ne porte pas de menaces pour les libertés et la vie privée des utilisateurs. Cette loi est un levier de prospérité et de sécurité pour les personnes et les entreprises. Sur la sellette dans les pratiques populaires, la loi doit absolument passer par le rituel de la vulgarisation et de la vulgate. Ce qui s’est passé dans cet hôtel de passe à Yopougon sous les caméras des smartphones est une violation de la loi…
K. Bruno