La donnée est devenue une ressource stratégique. Les data centers sont les lieux où elle est stockée, protégée et traitée. En Côte d’Ivoire, la montée en puissance de ces infrastructures pourrait changer la donne économique en terme de création d’emplois, d’entrée de devises, de souveraineté numérique et de développement d’un écosystème numérique local.
Pourquoi un data center valorise-t-il l’économie nationale ?
Un data center local permet de conserver les données sur le sol ivoirien, renforçant ainsi la souveraineté numérique et réduisant la dépendance aux serveurs étrangers. Il génère des emplois qualifiés, tels que des techniciens ou des ingénieurs Data. De plus, il attire les investissements étrangers et locaux grâce à l’offre de services tels que l’hébergement, le cloud et la colocation. Il contribue aussi à faire des économies de devises en évitant d’exporter les flux de données vers des infrastructures payées à l’étranger.
Il stimule enfin la création de services numériques locaux comme la fintech, l’e-santé, l’e-commerce ou l’intelligence artificielle, qui nécessitent une latence faible et une sécurité renforcée. Le marché mondial des data centers pèse plusieurs centaines de milliards de dollars. Par conséquent, investir localement, c’est capter une part de cette valeur et construire une filière nationale.
Panorama de quelques data centers déjà opérationnels en Côte d’Ivoire
Raxio CIV1 (VITB) : Raxio est un data center Tier III de colocation neutre et indépendant, qui offre des espaces sécurisés pour héberger les serveurs des entreprises et institutions. Avec une capacité de 800 racks, une puissance informatique de 3 MW, 06 connexions fibres redondantes et une disponibilité garantie 24/7, il offre un abri fiable sans accéder aux données des clients. Grâce à sa neutralité vis-à-vis des opérateurs et fournisseurs cloud, Raxio favorise la sécurité, la confidentialité et l’autonomie numérique des acteurs du digital en Côte d’Ivoire.
ST Digital (VITIB, Grand-Bassam) : ST Digital a inauguré un data center Tier III au parc technologique VITIB à Grand-Bassam. L’infrastructure est annoncée capable d’accueillir environ 160 racks et se veut éco-responsable; elle est présentée comme un levier pour la souveraineté numérique ivoirienne.
Equinix / MainOne AB1 (Abidjan) : Centre de colocation conçu pour accueillir des acteurs internationaux et locaux, bénéficiant d’un emplacement stratégique pour la connectivité sous-marine et régionale.
Orange Côte d’Ivoire Data center (Grand-Bassam) : Orange dispose d’un centre de données en Côte d’Ivoire qui fournit des services cloud et de colocation. L’opérateur propose des offres professionnelles et une capacité importante pour les services régionaux.
MTN Business : Ce centre offre des services d’hébergement et de colocation pour entreprises et opérateurs. Le projet a pris forme dès la commande d’un module préfabriqué en 2013 et s’inscrit dans la stratégie d’investissement réseau de MTN en Côte d’Ivoire.
Comprendre plus simplement les caractéristiques techniques
- Tier III (haute disponibilité): Un Data Center Tier III peut fonctionner même en cas de panne ou de maintenance. Il a des systèmes doublés pour garantir que les services restent en ligne 24h/24 sans interruption.
- Colocation & carrier-neutral (liberté totale) : En colocation, chaque entreprise installe ses propres serveurs dans le data center, qui fournit l’espace sécurisé et l’énergie. Carrier-neutral signifie que le centre n’est lié à aucun opérateur télécom, donc les clients choisissent librement leur fournisseur internet.
- Éco-responsable (consomme moins et protège l’environnement) : Le data center utilise des technologies pour réduire sa consommation d’énergie et limiter son impact environnemental. Moins de chaleur, moins d’électricité gaspillée, et un numérique plus durable pour le pays.
Obstacles et défis à surmonter
Construire un data center Tier III coûte cher, car il faut investir dans le bâtiment, l’énergie, le refroidissement et la sécurité. Mais c’est un choix stratégique pour l’avenir numérique du pays. L’alimentation électrique doit être stable et doublée par des systèmes de secours, afin d’assurer un fonctionnement 24h/24, même en cas de coupure.
Ces infrastructures demandent aussi des compétences locales. Il faut donc former des ingénieurs et techniciens, en s’appuyant sur des partenariats entre écoles et opérateurs du secteur. Enfin, héberger des données sensibles nécessite un cadre légal solide et une forte protection des données, pour garantir sécurité, confiance et souveraineté numérique.
Un investissement coûteux, mais un rendement stratégique
Construire et exploiter des data centers coûte cher, mais ce coût est le prix de la souveraineté numérique et un levier de croissance. Avec des data centers performants, la Côte d’Ivoire peut non seulement sécuriser ses propres données, mais aussi devenir un acteur régional de l’économie numérique. En alignant infrastructures, compétences et réglementation, ces centres peuvent véritablement devenir le « nouvel or noir » de l’économie numérique ivoirienne.





































