Evariste Aohoui est le directeur exécutif de Waste Africa. C’est lui qui a organisé les E-Waste Days qui étaient à leur 2ème édition, du 10 au 11 avril 2025. Au cœur de ces journées, le défi des données dans l’accélération du processus de transformation des déchets électroniques dans notre pays et en Afrique de l’Ouest.
Vous organisez les E-Waste Days. A quoi s’attendre ?
Nous sommes à notre 2ème édition. La première édition avait porté sur le rôle et la responsabilité des acteurs pour une optimisation de la filière des déchets électroniques. Et là, nous nous sommes rendus compte de l’importance des données dans la mise en place d’un système de gestion efficient des déchets électroniques.
A partir de ce moment, nous avons initié cette 2ème édition avec la contribution de différents partenaires pour réfléchir sur la problématique des données dans l’accélération de la transformation des déchets électroniques en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest.
De quels types de données parlez-vous ?
Ce sont à la fois des données quantitatives et qualitatives. C’est un mécanisme que nous allons mettre en place, qui va prendre en charge toute la partie réglementaire. C’est aussi toutes les quantités d’équipements neufs en comparaison aux équipements qui deviennent des déchets d’équipements électroniques.
Nous allons également élaborer une base de données des acteurs impliqués dans la filière. Je précise sur ce point que nous avons déjà travaillé en amont. Nous avons monté une communauté des acteurs informels qui travaillent dans la filière des déchets électroniques. Et nous avons enregistré plus de 20 000 acteurs qui vivent de cette activité-là. L’objectif, pour nous, c’est d’avoir des données sur ceux qui y travaillent. Ainsi, on aura dans ce mécanisme à mettre en place, toutes les informations nécessaires permettant de développer la filière des déchets électroniques.
A combien estimez-vous les déchets électroniques en Côte d’Ivoire ?
Des statistiques existent. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire génère autour de 30 000 tonnes de déchets électroniques par an. Il reste à mettre en place tous les outils pour nous assurer que ces déchets, ces équipements, sont immédiatement introduits dans les circuits que nous avons mis en place pour une meilleure prise en charge et qu’il n’y ait pas, comme on l’a dit, de rejet de ces fractions de déchets dans l’environnement.
Cela répond à notre volonté de préserver la santé publique et d’alimenter une économie circulaire locale permettant aux acteurs impliqués de vivre décemment de leur activité, d’y travailler en respectant tous les standards.
Comment collecter ces données et à quelle fin ?
Notre démarche fait partie d’un projet. Donc, les E-Waste démarrent le projet, c’est le starting point du projet. La première étape va consister à analyser les besoins en termes de données sous différentes perspectives en mettant à contribution les expertises de toutes les personnes de ressources. Ensuite, nous allons mettre en place ce qu’on appelle une base de connaissances. Et, nous allons nous rapprocher des experts, notamment du ministère et de tous les professionnels pour développer des ateliers de modélisation. C’est à l’occasion de ces ateliers que nous allons réfléchir sur la pertinence des données, ce qu’il faut retenir, ce dont on a vraiment besoin pour développer la filière, et ainsi de suite.
En clair, nous allons trier les types de données et valider ceux dont nous avons besoin. Nous allons développer une plateforme digitale, qui sera couplée avec une application mobile qui va nous permettre de collecter des données auprès des acteurs que nous avons identifiés, des acteurs avec lesquels nous sommes en partenariat.
Et, nous allons essayer d’analyser ces données et de les valider. Vous avez pu constater que nous avons avec nous l’École nationale de statistiques et le ministère de l’Environnement. Toutes ces compétences seront mobilisées pour arriver à mettre en place ce mécanisme qui va se présenter sous la forme d’un portail Web et qui sera couplé avec une application mobile. Ce sera alors l’outil de collecte des données sur les smartphones de nos agents sur le terrain.
Existe-t-il des pays dont vous vous êtes inspirés pour mettre en place cette initiative ?
Oui, il y a des pays qui sont pas mal avancés en matière de gestion des déchets électroniques. J’ai eu le privilège de travailler avec Dr. Aboa sur un projet dans les années passées qui nous a conduits dans plusieurs pays.
Nous avons visité l’Afrique du Sud, le Kenya, la Belgique, nous sommes allés un peu partout pour regarder ce qui se fait ailleurs et pour voir dans quelle mesure nous pouvons appliquer toutes ces expériences que nous avons accumulées, au profit de notre pays, afin d’améliorer la filière, chez nous, au bénéfice de nos communautés.
Un message particulier aux Ivoiriens sur la question des déchets électroniques ?
La question des déchets électroniques est une question sérieuse. Même quand on s’en fout pas mal aujourd’hui, on en paie le prix, parce qu’automatiquement nous sommes tous victimes de la pollution.
Donc, mon message, c’est de nous assurer en tant que citoyens que les équipements que nous avons chez nous qui parviennent en fin de vie soient introduits dans des circuits de récupération et de valorisation qui respectent les standards.
Le deuxième, c’est de mettre à contribution les ménages, les services, parce que nous allons passer à une phase de collecte des données, donc il serait vraiment intéressant que nous bénéficions de la collaboration de toutes les parties prenantes dans la collecte de ces données-là qui vont servir à améliorer toute la filière des déchets électroniques.
Entretien réalisé par Mariam Gassama