Dans le cadre de la lutte contre la désinformation et les Fake news sur les réseaux sociaux. Le Centre d’Education pour une société durable (Centre Esd) a organisé, en partenariat avec la Deutsche Welle Akademie (Dw Akademie), sur le thème : « l’Education aux médias et à l’information (Emi) en Côte d’Ivoire : quels enjeux ? ».
C’était le récemment, à Abidjan-Cocody, en présence de l’ambassadeur de l’Allemagne en Côte d’Ivoire, Ingo Herbert. Cette activité s’inscrit dans le cadre du projet ‘’EMIvoire’, un projet de sensibilisation et de formation à l’utilisation responsable des médias sociaux.
Guide médias et à l’information d’ESD
Ce fut l’occasion pour le centre ESD de présenter son Guide médias et à l’information dénommée ‘’Guide Emi’’.
Pour Armande Koffi, panéliste, représentant la Coalition nationale des Droits de l’Homme (CIDDH), l’éducation aux médias vise à donner aux citoyens des outils pour un usage responsable des réseaux sociaux, à travers un message écrit, un audio ou une vidéo.
« Pendant les élections, nous avions eu des allégations sans fondements, des photos manipulées, des fausses déclarations attribuées à des personnalités politiques, des incitations à la violence avec de graves conséquences (dégâts matériels, atteinte à la vie humaine). En 2022, une vidéo sur le réseau social indiquant une attaque des Ivoiriens par des Nigériens à l’extérieur a provoqué des actes de violences en Côte d’Ivoire, faisant un mort (chiffre officiel) et de dégâts importants.
Pendant la Covid, on a vu circuler de nombreux remèdes sur les réseaux sociaux, des campagnes contre le vaccin, autant de fausses informations qui mettent à mal les programmes initiés par le gouvernement », explique Armande Koffi. Selon elle, cela est parfois lié à la méconnaissance des textes régissant l’usage des réseaux sociaux qui méritent d’être vulgarisés. C’est à juste titre qu’elle a invité les acteurs des droits de l’homme à jouer un rôle de sensibilisation aux fins de permettre aux populations de faire la différence entre une infox et une information, apprendre également aux populations comment vérifier la fiabilité d’une information et comment se protéger en ligne.
Tout ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux n’est pas de l’information
Pour Agnès Kraidy, journaliste, présidente du Réseau des femmes journalistes et des professionnelles de la communication en Côte d’Ivoire et conseillère technique auprès ministre de la Communication et de l’Economie numérique, « aujourd’hui tout le monde se dit producteur d’informations, mais tout ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux n’est pas de l’information. La production de l’information est à l’apanage du journaliste et obéit à un processus : la vérification de la source, la légitimité de la source, la consolidation, la crédibilité de l’information, etc.
Les journalistes ne jouent pas ou ont failli à leur rôle
Pour sa part, Cyriac Gbogou, bloggeur, vice-président du réseau des Activistes, c’est parce que les journalistes ne jouent pas ou ont failli à leur rôle que tout le monde est devenu producteur de l’information sur les réseaux, au péril de la population.
Quant à Abraham Kouassi, de Project officer de la Deutsche Welle Akademie en Côte d’Ivoire, rien ne sert de courir pour donner le premier l’information sur les réseaux sociaux sans passer par le tamis de vérification et de la consolidation. « Il convient de construire votre auto-crédibilité sur les réseaux sociaux et sur internet », a-t-il conseillé.
« Une bagarre éclate entre deux individus dans une localité, un témoin qui voulait rapporter les faits sur les réseaux sociaux écrit qu’un individu et sa communauté sont en train d’attaquer un autre individu et autre communauté, l’information circule rapidement sur les réseaux sociaux et est partagé des milieux de fois, ce qui provoque un conflit interethnique », confie Ruben Boni, modérateur de ce panel.
Pour cet activiste des droits de l’homme, ce sont autant de faits sociaux qui se produisent au quotidien dans notre environnement, du fait du mauvais usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication. La destruction d’un centre de dépistage de Covid à Koumassi, la profanation de la tombe de l’artiste coupé-décalé DJ Arafaf, à Williamsville, sont des exemples, parmi tant d’autres.
Eugène YAO