Déjà réputée pour son paiement mobile à frais réduits, Wave se prépare à lancer une carte Visa prépayée, un domaine où la fintech Djamo s’est érigée en précurseur. C’est une action qui transforme la relation entre les deux start-ups, jusque-là perçues comme complémentaires, en une concurrence « saine ».
Wave a bâti son succès sur des transactions à coût minimal, la fameuse révolution 1% en 2021. La fintech compte actuellement, en Côte d’Ivoire, plus de 250 000 marchands qui acceptent les paiements par QR code et plus de 16 000 points de vente, à en croire Katier Bamba, son directeur général, lors du Salon de l’épargne, de l’investissement et du patrimoine qui s’est tenu à Abidjan, en novembre 2024. Il a, à cette occasion, annoncée des nouvelles fonctionnalités en 2025. La carte visa en cours de déploiement en est une.
Carte visa de Wave, un nouveau terrain de jeu
Selon des informations, cette carte est proposée sans frais de gestion, d’émission ou de transaction. Elle permettrait de régler des achats en ligne sans surcoût. Or, sur ce segment, Djamo semblait être le pionnier, en partage avec Push. Dans cette nouvelle configuration, Wave devient alors un concurrent de gros calibre.
« Chez Wave, nous sommes ouverts aux échanges, à la collaboration avec nos concurrents. Certes, ce sont nos concurrents sur le marché, mais je pense qu’ils doivent être nos partenaires sur le terrain pour faire prévaloir l’intérêt supérieur des clients », disait Katier Bamba, lors du Salon de l’épargne, de l’investissement et du patrimoine, comme pour préparer les esprits à l’intégration de cette nouvelle fonctionnalité.
Djamo, pour sa part, a séduit le public avec une offre de services bancaires numériques et une carte Visa bien établie. La fintech propose le paiement en ligne, l’épargne, l’investissement et la gestion de comptes. Elle s’est fait un nom grâce à sa simplicité d’utilisation. Régis Bamba, co-fondateur de Djamo, sur Facebook, a qualifié le nouveau produit de Wave de stimulateur de l’innovation.
« La concurrence est bénéfique pour tout le monde. Les entrepreneurs tech au profil comme le mien ont besoin d’adversité. Plus il y a de concurrence, plus les acteurs s’améliorent, et plus les clients sont satisfaits », a-t-il publié après le buzz créé par la carte Wave sur la toile.
Djamo vs Wave, amies et concurrentes
Djamo reste donc confiant dans sa capacité à se démarquer, surtout grâce à des services plus complets et une expérience utilisateur éprouvée. L’objectif est de poursuivre les innovations et d’améliorer en permanence la qualité de son offre. Il n’en demeure pas moins que les deux entreprises entretiennent toujours des liens techniques et commerciaux. Les utilisateurs peuvent effectuer des transferts entre Wave et Djamo. Cette interopérabilité profitable à l’écosystème ne change pas. Et Elfried Didehia, directeur des solutions financières à Djamo, souligne l’importance de cette complémentarité.
« L’utilisation de Djamo s’est intensivement faite grâce à Wave. Il y a une grande partie du fonctionnement de Djamo qui est liée à Wave. Si vous retirez Wave, il y a une partie de Djamo que vous aimez que vous n’allez peut-être pas apprécier. Donc, en réalité, on arrive tous ensemble, et c’est la Côte d’Ivoire qui gagne », a-t-il déclaré lors d’un panel sur le mobile money au Salon de l’épargne.
Collaboration et concurrence, tant que ces actions répondent aux besoins des consommateurs et aux objectifs de l’inclusion financière, à la hausse du taux de bancarisation notamment, les Ivoiriens en redemandent.
James Kadié