Guy Nassa est le directeur général de Moov money. Il était panéliste à la 7ème édition du Salon de l’épargne de l’investissement et du patrimoine (SEIP), les 13 au 14 novembre 2024, sur le thème : « Microfinance et mobile money, moteurs de l’inclusion financière : Bilan et perspectives ». Dans une interview à Digitalmag.ci, il a confié que l’interopérabilité entre opérateurs dans l’espace UEMOA sera effective d’ici à 2025. C’est, selon lui, l’attente prioritaire des entreprises du secteur pour démocratiser les services financiers en Côte d’Ivoire.
Quel est le positionnement de Moov, aujourd’hui, en Côte d’Ivoire ?
Lancé en 2006, Moov a révolutionné le secteur audiovisuel en Côte d’Ivoire et dans la sous-région. Aujourd’hui, Moov money est en train de faire ce que Moov a fait au niveau des télécoms, c’est-à-dire démocratiser le mobile money afin que les populations ivoiriennes, partout où elles sont, que ce soit en ville ou au village, puissent avoir un compte mobile money. Et à partir de ce compte, faire leurs transactions de dépôt et retrait, de demande de micro-crédits, de paiements de d’assurances ou des investissements.
Moov est considéré, à tort ou à raison, comme un réseau de jeunes. Que répondez-vous-vous ?
Ceux qui pensent que Moov est un réseau de jeunes n’ont pas tort. Cela est dû au fait qu’à un moment donné, Moov a lancé beaucoup d’offres pour les jeunes. Sinon, aujourd’hui, Moov s’adresse à toute la population. Vous voyez, chaque mardi et chaque vendredi, nous faisons un bonus de 200% et cela s’adresse à toute la population, y compris plus âgés.
Parlant des bonus, le régulateur a remis tous les opérateurs sur un pied d’égalité. Cela a-t-il désavantagé Moov dans sa progression ?
Nous, à Moov money et Moov Africa, nous sommes respectueux de la réglementation. On ne peut pas être une entreprise sans respecter ce que les autorités disent. On s’adapte et vous avez vu qu’on s’est adapté.
Sauf que, dans un système de libéral, chaque opérateur devrait pouvoir pratiquer ses tarifs librement, non ?
C’est vrai que chaque opérateur doit être capable de pratiquer ses prix mais, nous devons travailler dans un cadre légal. Le rôle de l’Etat est d’encadrer l’activité économique, l’environnement des affaires pour éviter la concurrence déloyale et autres. Donc, chacun joue son rôle, les opérateurs jouent leur rôle pour la satisfaction des clients.
Quelles sont vos innovations pour révolutionner le secteur du mobile money ?
Cette année, la banque centrale (BCEAO, Ndlr) a décidé de faire l’interopérabilité d’ici à 2025. Ce qui va permettre à tous les clients, quel que soit leur réseau, d’envoyer de l’argent partout dans la zone UEMOA. Ainsi, un client Moov money pourra envoyer de l’argent à un client qui est chez un autre opérateur télécom, que ce soit au Burkina, au Mali ou en Côte d’Ivoire. C’est une grande avancée pour notre secteur. Autre innovation, Moov money a lancé ce qu’on appelle les offres Premium. Ce sont des offres, des packages, qui permettent au client qui s’souscrit à partir de 300FCFA de faire son retrait sans payer de frais, de même que sur le paiement des factures d’électricité et de l’eau. Pour résumé, chaque mois, si tu souscris 300f ou 500f, Moov te permet te permet de faire tes transactions gratuitement. Ça, c’est une innovation qui n’existe pas sur le marché.
Moov envisage-t-il de créer une banque numérique comme ses concurrents ?
Bien sûr, Moov s’apprête à lancer une offre très coquette !
A quoi doit-t-on s’attendre ?
C’est ce que nous savons faire le mieux. Moov money est en train de préparer un plan d’actions pour démocratiser les services financiers, les micro-crédits, l’assurance, la gestion des actifs, de telle sorte que, en partenariat avec les institutions financières comme la SGI, la bourse, toute personne puisse avoir accès à ces services.
Allez-vous réduire davantage les frais de transactions ?
Les clients ne se plaignent pas des frais puisque c’est pratiquement gratuit. On n’est plus au stade des taux mais de la valeur qu’on crée dans le système. Le problème est au niveau de l’éducation financière. Comment faire pour que l’étudiant, par exemple, puisse avoir droit au crédit pour acheter son ordinateur et payer par tranche ? Comment on fait pour qu’un chauffeur de Gbaka arrive à développer une épargne ? Comment faire pour que les travailleurs indépendants puissent sécuriser leur famille ? La population n’a pas cette culture de l’épargne mais nous pensons qu’avec la capacité de couvrir tout le pays, nous pourrons aider à transformer tout ce secteur. Il faut faire en sorte que les clients soient informés de la gamme de produits que nous avons, développer de nouveaux services pour innover et apporter de la valeur au client.
Entretien réalisé par Eugène Yao