Lors des Assises de la transformation digitale en Afrique (ADTA 2024), plusieurs entreprises qui utilisent le cloud et l’IA dans leurs process étaient présentes. Nous avons approché l’une d’entre elles, INGECYS TECHNOLOGIES, pour savoir comment, dans la pratique, ses technologies sont appliquées pour offrir des solutions aux consommateurs. Interview exclusive.
Quelles sont vos solutions digitales innovantes ?
INGECYS Technologies est un groupe marocain qui travaille dans l’informatique et les télécommunications. On accompagne nos clients pour la transformation digitale avec l’aide des solutions métier avec une couche d’Intelligence Artificielle. Nous présentons trois solutions principales aujourd’hui aux ADTA, sur la santé, la sécurité et la gestion des opérations terrain.
Dans le domaine de la santé, nous avons AVICYS, une solution pour les cabinets médicaux. Les médecins l’utilisent pour effectuer leurs consultations. C’est une application qui permet de gérer tout le cabinet avec la base de données des médicaments mise à jour, les ordonnances, le suivi des patients, les alertes, le suivi de la vaccination des enfants…
Nous avons SEKURYS pour les sociétés de gardiennage qui permet de mieux gérer toutes les tournées des agents de sécurité, avec des tableaux de bord pertinents. Cette solution assure aussi le suivi de conformité par rapport aux normes de travail des agents de sécurité et aussi la protection des travailleurs isolés (PTI).
Nous avons une autre solution AGICYS pour la gestion de tout ce qui est opération terrain. Elle est utile pour les sociétés qui ont des équipes mobiles de maintenance, d’intervention, de nettoyage, de relevé de compteur d’électricité et d’eau. Cette solution permet notamment la planification des opérations, le suivi en temps réel de leur réalisation, la réalisation des relevé terrain et des inventaires et aussi la gestion du stock…
Comment intégrez-vous l’intelligence artificielle dans vos process ?
Avec AVICYS, le médecin peut entrer les symptômes et l’IA peut lui proposer des diagnostics précis. En fonction de l’âge de la personne, son profil, ses antécédents, ses allergies, l’application peut faire un diagnostic préliminaire et lui proposer un traitement. Il revient donc au médecin de confirmer, modifier ou valider.
Dans AGICYS, l’IA peut faire des prévisions de pannes d’équipements en se basant sur les antécédents et sur les caractéristiques des équipements. Ce qui permet d’effectuer les opérations de maintenance préventive avant l’arrivée de la panne.
Comment sait-on que le traitement fait par l’intelligence artificielle est correcte ?
Nous avons, par exemple, dans le domaine de la santé, un historique, donc on peut faire un apprentissage et savoir que tel traitement a fonctionné pour telle maladie, pour tel profil de patient. La même chose pour AGICYS, l’apprentissage à partir des pannes précédentes, du type d’équipement et de son environnement, l’IA peut apprendre et faire des prévisions. Et en fonction de ça, des solutions sont proposées. C’est du Machine Learning.
Quel objectif souhaitez-vous atteindre avec l’IA via la solution AVICYS ?
Notre objectif, c’est d’accompagner les médecins, avec l’IA, dans leur diagnostic et dans leurs traitements et, dans le futur, avoir une version utilisable pour l’automédication. Pour que le patient puisse entrer son profil (âge, antécédents, allergies…), ses symptômes, charger ses scanners ou ses échographies et avoir un retour : un diagnostic, des recommandations, un traitement… Tout sera toujours contrôlé et validé par un médecin, mais on aura une couche d’Intelligence Artificielle qui va l’aider dans son appréciation.
Sur la question des données à caractère personnel, qu’est-ce que vous avez mis en place pour protéger les patients ?
D’abord, le stockage, plusieurs pays qui imposent que les données soient enregistrées dans les clouds souverains, cloud de l’État. Donc ça, il faut le respecter. Deuxième point, la protection des échanges et des données, il faut crypter tous les échanges et les données stockées. Troisième point, l’anonymisation, ce qui signifie l’enregistrement des données sans les identités réelles des personnes. Tout est enregistré avec un code, même si on arrive à accéder à ces données-là, il n’y a rien, il n’y a pas le nom. Puis il y a beaucoup d’exigences et de règles de la protection des données (RGPD) que nous sommes tenus de respecter.
Depuis combien de temps ces solutions sont-elles actives, et quel est le taux de réussite jusqu’à maintenant ?
Ça fait trois ans que nous avons commencé à la commercialiser et nos clients sont très satisfaits. Bien sûr qu’il y a toujours des mises à jour et des ajustements demandés par ces derniers. Ce qui nous permet d’améliorer continuellement nos solutions. Tous les clients qui l’ont acheté ils l’utilisent toujours.
Quelle est votre stratégie de pénétration sur le marché local ?
Nous sommes ici justement (aux ADTA, ndlr.), nous participons à ce salon en Afrique, en Côte d’Ivoire, pour prospecter le marché, rencontrer d’éventuels partenaires et clients locaux et d’autres pays africains et entamer des discussions enrichissantes autour de la transformation digitale et de l’IA. Nous avons déjà des partenaires ici en Côte d’Ivoire avec lesquels nous travaillons sur plusieurs projets et qui nous accompagnent à percer dans le marché local avec la promotion de nos services et nos solutions. Nous travaillons déjà avec les opérateurs télécom pour la digitalisation de leurs solutions, leurs process, leurs opérations terrain. Notre stratégie, c’est d’abord prospecter, présenter nos services et puis peut-être s’implanter ici en Côte d’Ivoire avec une entreprise ivoirienne, pour pouvoir être proche de nos clients.
Propos recueillis par James Kadié