Lacina Koné, directeur général de l’Alliance Smart Africa, était à la Conférence nationale sur l’IA, à Abidjan, le lundi 19 mai 2025. Il a partagé sa vision d’une IA pensée pour l’Afrique, grâce à une approche éthique et souveraine. Il est revenu sur quelques missions du Conseil africain de l’intelligence artificielle (CONIA) lancé en avril 2025, à Kigali, au Rwanda.
Pour une IA éthique, inclusive et adaptée aux réalités africaines
Selon Lacina Koné, la Conférence nationale sur l’intelligence artificielle en Côte d’Ivoire est un témoignage de la volonté du gouvernement ivoirien de faire entrer le pays dans l’ère de l’intelligence artificielle, non pas comme spectatrice, mais comme co-architecte.
« Nous sommes ici parce que nous partageons une foi commune, une foi dans nos talents, une foi dans notre jeunesse, une foi dans notre capacité à concevoir une intelligence artificielle qui soit à la fois éthique, inclusive et profondément ancrée dans nos réalités africaines », a-t-il affirmé d’entrée.
Selon ses dires, l’Afrique ne doit pas juste recevoir la technologie des autres. Au contraire, elle doit être un lieu où l’on crée et invente ses propres solutions en intelligence artificielle. C’est que la technologie IA a la capacité d’apporter des réponses efficaces dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et des services publics.
Mais, les idées seules ne suffisent pas. Il faut un cadre pour les structurer, permettre aux entreprises qui évoluent dans le secteur d’agir concrètement. D’où la création du Conseil africain de l’intelligence artificielle en avril 2025.
Le Conseil africain de l’intelligence artificielle : une feuille de route pour l’utilisation de l’IA en Afrique
La création du Conseil africain de l’intelligence artificielle, soutenu par Smart Africa, est présentée comme une étape fondamentale. Lisons la description de Lacina Koné :
« C’est notre boussole continentale. Il incarne l’ambition collective de bâtir une gouvernance de l’IA qui parle d’Afrique, qui pense Afrique et surtout qui agit pour l’Afrique. Ce conseil est le carrefour où s’entrelacent la rigueur scientifique, la sagesse politique, la vigilance réglementaire et l’audace entrepreneuriale. »
Dans cette perspective, une feuille de route a été écrite. Et c’est là que le Conseil africain de l’intelligence artificielle intervient.
Le directeur de Smart Africa explique que sa première mission est d’élaborer des règles éthiques pour une IA qui respecte les valeurs africaines. En deuxième plan, il favorise la recherche et la formation en IA dans les universités africaines. Et en troisième position, il facilite le partage de données entre les pays du continent, pour que cette technologie serve les personnes, non l’inverse.
Mobiliser des fonds nationaux pour l’innovation technologique
« Mais une vérité demeure. Aucune stratégie aussi brillante soit-elle n’a le pouvoir de s’accomplir sans financement », fait remarquer Lacina Koné.
Un point qui amène à la question du financement. Les pays africains doivent investir sérieusement dans l’innovation. Le président de Smart Africa suggère de financer la recherche, d’utiliser les achats publics pour soutenir les entreprises locales. Un soutien commun entre l’État et le secteur privé profitera aux startups en IA. L’exemple du Fonds rwandais pour l’innovation, cofinancé par l’État rwandais et la Banque africaine de développement est, toute honte bue, à copier, selon lui.
« L’accès aux financements climatiques et numériques mondiaux en alignant l’IA avec notre transition verte et digitale, c’est-à-dire, l’IA peut être notre meilleur allié pour optimiser l’irrigation, prédire les récoltes, gérer l’énergie ou fluidifier même la mobilité urbaine », a indiqué le directeur général de Smart Africa.
Lacina Koné a, au final, félicité la Côte d’Ivoire, l’un des premiers pays à avoir défini une stratégie nationale d’intelligence artificielle. Sur le continent, 17 pays ont déjà adopté cette démarche. Toutefois, il invite les experts, les financiers, les entrepreneurs et les institutions à investir pour une Afrique capable d’innover et d’interagir avec le reste du monde en défendant ses intérêts et ses valeurs.