Innocent Martial Nanan est le président du comité d’organisation du 1er symposium sur la sécurité des données de santé et la gouvernance des données de santé. Le 21 août 2025, à l’Institut national de santé publique (INSP) d’Abidjan, il a accordé une interview exclusive à digitalmag.ci dans laquelle il a alerté sur la protection des données de santé.
Quel est l’objectif de ce symposium sur la gouvernance des données de santé ?
Pour porter la réflexion de façon collective afin que nous puissions faire des propositions au gouvernement, qui seront traduites en loi. Mais aussi que nous puissions effectivement rassurer nos populations, parce qu’aujourd’hui avec l’intelligence artificielle où on peut faire n’importe quoi, avec les réseaux sociaux où chacun est devenu médecin, il y a beaucoup de dérives qu’on constate. Il faut, à notre avis, pouvoir corriger ces dérives. Alors, il est important que les acteurs, aussi bien les professionnels que les usagers, réfléchissent pour trouver une solution qui convienne à tout le monde que nous allons proposer à l’État qui va, à travers nos différents représentants, peaufiner et valider éventuellement.
Avez-vous déjà mis en place une solution de santé digitale ?
On n’a pas de solution sur ce champ, on a des idées mais c’est ensemble qu’on va confronter nos idées et pouvoir mettre en place des solutions qui soient pérennes et utilisables.
Quelles mesures avez-vous prises pour accompagner les jeunes innovateurs en santé digitale en Côte d’Ivoire ?
Aujourd’hui, tout le monde est impliqué dans la santé numérique, il y a des innovations qui sont faites par les jeunes, pas forcément des médecins, il y a des médecins qui font aussi des innovations, mais il y a beaucoup plus de jeunes. Il y a des informaticiens qui font des innovations mais qui ne sont pas toujours connus. Ce genre de symposium est l’occasion pour les identifier et voir comment on peut les accompagner à promouvoir leurs efforts, leurs projets, de sorte que cela profite d’abord à l’Etat ivoirien, à la nation ivoirienne, mais aussi aux concepteurs et développeurs. Je peux vous rassurer que l’innovation, en Côte d’Ivoire, est en marche, les jeunes ont du talent et ils méritent d’être accompagnés.
Quels sont les partenaires avec lesquels vous travaillez sur le projet de santé digitale ?
À l’extérieur, nous travaillons avec des partenaires ancestraux, puisque nous avons commencé avec le Réseau Afrique francophone de télémédecine (RAFT). Il y a l’université numérique francophone mondiale qui travaille aussi avec nous et qui nous appuie sur ce projet. Il y a, par ailleurs, une start-up ivoirienne, dont les concepteurs sont en Europe, Clinique, qui n’est pas encore très connue, mais ils sont en train de faire leurs premiers pas. Nous collaborons avec eux pour faire avancer les choses.
Toujours à l’extérieur, nous avons la société internationale de télémédecine – ISFTEH -, c’est l’acronyme en anglais, International Society of Telemedicine and Health, dont nous sommes membre. Je n’oublie pas l’IMIA, qui est l’Organisation mondiale d’informatique médicale, en anglais International Medical Informatics Association, et la Confédération panafricaine de télémédecine, dont nous sommes la chambre nationale. Enfin, il y a, bien sûr, l’Unité de recherche clinique de Côte d’Ivoire qui est l’un de nos partenaires. Ce sont les structures avec lesquelles nous travaillons. Et nous avons, depuis 2 ou 3 ans, mis en place, en Côte d’Ivoire, le Groupement des acteurs de la santé numérique, avec d’autres partenaires.
Selon vous, la Côte d’Ivoire est-elle en retard dans la protection des données de santé ?
Non, dire que la Côte d’Ivoire est en retard, ce n’est pas tout à fait juste, parce que la Côte d’Ivoire fait partie des premiers pays qui ont mis en place une loi dans le domaine de la cybersécurité et de la protection des données à caractère personnel depuis 2013. Sauf que cette loi n’est pas spécifique à la santé, et c’est cette spécificité que nous voulons, à travers notre ministère et l’appui éventuellement du Conseil économique et social, à travers nos représentants, mettre en place par une loi qui soit spécifique à la santé. Vous savez, les données de santé sont sensibles. On ne doit pas pouvoir les manipuler n’importe comment. Or, aujourd’hui, avec tout ce qu’on voit sur le net, la donnée, c’est de la richesse, et il est important que nous soyons souverains du point de vue de nos données santé.
Entretien réalisée par Meité Ladji



































