Le mercredi 3 août 2022, la Chine brouille le réseau internet sur l’Île de Taïwan avant de procéder à des exercices militaires offensifs contre ses frontières. L’objectif est d’empêcher les réseaux sociaux de transmettre en temps réel les informations et nuire aux communications adverses.
Contre l’avis du président américain Joe Biden, la présidente de la Chambre des représentants, Nansi Pelosi, s’est rendu sur l’île, suscitant de vives tensions avec la Chine. Ce pays revendique la propriété de Taïwan. Les Etats-Unis s’y opposent. En attendant le craquement plausible des bombes dans cette crise, internet prépare le terrain du conflit.
Au Kenya, un candidat à la présidentielle appelle au maintien d’internet durant le vote. Cet appel exprime, en réalité, une inquiétude. Au pays du Safari, internet et les réseaux sociaux sont au cœur de la guerre des victoires, avant, pendant et après une élection présidentielle. Généralement, le pouvoir coupe internet pour empêcher la diffusion d’informations qu’il ne contrôle pas. Il entend ainsi conforter son emprise et son assise. Mais aussi, éviter les manifestations et autres « troubles à l’ordre public d’opposants malintentionnés et malveillants ».
En 2020, en République démocratique du Congo, l’accès à Internet et aux réseaux sociaux fut, également, coupé par les autorités, avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Au Yémen, en Ukraine, en Birmanie, en Syrie, au Liban, RDC, au Congo Brazzaville et dans plusieurs autres pays, internet régule et alimente toutes les batailles politiques, économiques et sociales. Il accompagne les évènements et les grands bouleversements.
Témoins précieux, internet et les réseaux sociaux sont souvent en avance sur des médias traditionnels, parfois spécieux. Vu sous cet angle, la coupure des télécommunications fait désormais partie de « l’arsenal des régimes qui craignent l’insurrection populaire et cherchent à empêcher à leurs opposants de se coordonner ». Tantôt rassurant, tantôt inquiétant. Cela dépend des intérêts de chacun.
Ce qui est sûr, internet et les réseaux sociaux parlent sans état d’âme. Désormais, le problème, ce n’est plus le déroulement des faits, mais plutôt comment contrôler le témoignage des réseaux sociaux.
K. Bruno