L’Afrique subsaharienne compte plus de 500 millions d’abonnés uniques à la téléphonie mobile, soit un taux de pénétration de 45 %. Sauf que le défaut d’interopérabilité des réseaux entre pays est un frein au développement…
La 37ème session ordinaire de l’Union africaine (UA) s’est tenue les samedi 17 et dimanche 18 2024, à Addis-Abeba, en Ethiopie. A la tribune de ce sommet, le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, a imposé une problématique majeure du numérique : l’interopérabilité de la téléphonie mobile en Afrique.
Qu’est-ce que l’interopérabilité des réseaux ?
L’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs et ce sans restriction d’accès ou de mise en œuvre. Dans le mobile, elle permet d’émettre ou de recevoir des fonds via les points de vente physique, portails web d’opérateurs de transfert d’argent. Ainsi, les utilisateurs d’un service de mobile money d’un pays, peuvent réaliser des transferts avec des correspondants d’autres pays qui ne pourraient souscrire à ce même service.
Ce dispositif ouvre la voie à des transferts depuis ou vers des zones dans lesquelles l’opérateur ne serait pas présent. Il facilite l’établissement et la démultiplication de corridors de transfert internationaux. En interconnectant leurs plateformes avec des systèmes marchands, les opérateurs peuvent permettre aux utilisateurs de régler leurs achats via mobile money. Selon des experts, c’est le domaine dans lequel l’interopérabilité semble être la plus prometteuse. L’interopérabilité des réseaux en Afrique devrait enfin permettre de faciliter les communications entre les pays du continent, par la réduction des coûts.
Quels sont les pays africains où l’interopérabilité est effective ou en cours ?
En Afrique, les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) cherchent à mettre en place une zone de réseau unique (ONA) afin de se rapprocher d’un marché numérique unique. Les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et ceux de la CEDEAO ont également mis en œuvre des projets similaires. Le Ghana et la Côte d’Ivoire sont devenus, en juillet 2023, les deux premiers pays à mettre en œuvre le règlement n° C/REG.21/12/17 relatif à l’itinérance sur les réseaux publics de communications mobiles.
Des pays comme le Bénin, le Togo, le Mali, le Burkina Faso ont également entamé les démarches pour se mettre en règle. Selon le président ghanéen, cette initiative devrait permettre d’accélérer la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Il a ajouté que cela faciliterait la réduction voire la suppression des frais d’itinérance à travers le continent. Une fois mis en œuvre, l’interopérabilité devrait faire des télécommunications un outil d’intégration économique et d’inclusion dans un contexte de transformation numérique accélérée.
K. Bruno