L’intelligence artificielle (IA) est en passe d’être le moteur de l’économie mondiale. L’Afrique ne veut pas être en reste. Les experts de cette technologie se mobilisent aux Journées de l’intelligence artificielle d’Abidjan.
Aux Journées de l’intelligence artificielle (JIA) qui se tiennent à Abidjan, les experts de l’intelligence artificielle, au cours d’un panel le 25 février 2025, ont affiché leur détermination à prendre leur part dans ce qui apparait désormais comme le moteur de l’économie mondiale. Ils y ont intérêt, pourrait-on dire, au regard que ce que l’intelligence artificielle peut générer comme ressources financières dans le monde en général et en Afrique particulièrement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
15 milliards de dollars en 2027 contre 120 milliards en 2023
Selon une étude de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), citée par Laurent Giuseppe-Renzo D’Aronco, responsable des affaires économiques de cette commission onusienne, le marché de l’intelligence artificielle dans le monde représentait 15 milliards de dollars en 2017. En 2023, il a atteint 120 milliards de dollars, soit environ 7 % du PIB africain. Ce chiffre va exploser à 1 500 milliards de dollars en 2027, ce qui représenterait alors 30 % du PIB du continent. A l’échelle mondiale, a-t-il ajouté, l’intelligence artificielle, selon les prévisions, pourrait générer 15 800 milliards de dollars en 2030.
« Si l’Afrique parvenait à capter ne serait-ce que 5 % de cette manne financière, cela constituerait une nette avancée pour son développement économique », a indiqué Laurent Giuseppe-Renzo D’Aronco. Sauf que, pour l’heure malgré ces perspectives, l’Afrique est absente du marché de l’IA. Au constat, les principaux investisseurs sont la Chine, les États-Unis et à un degré moindre l’Europe.
À cela s’ajoute un faible niveau de production scientifique sur le continent. L’Afrique ne produit, en effet, que 0,7 % des revues scientifiques mondiales, alors qu’il compte plus d’un milliard d’habitants. Autre lacune qu’elle traine, l’insuffisance d’infrastructures adaptées, surtout de datacenters. Toute chose qui freine le développement de l’IA.
100 datacenters en 2024 en Afrique
Or, les données locales hébergées dans des datacenters locaux sont le carburant de l’IA. Ici aussi, l’Afrique accuse un retard considérable. En 2024, le continent ne comptait que 100 datacenters, soit 1,3 % des infrastructures mondiales. C’est peu. Dans la compétition autour de l’intelligence artificielle, sans une capacité locale de stockage et de traitement des données, l’Afrique restera dépendante des puissances étrangères pour ses solutions technologiques. Ce retard est d’autant plus préoccupant que l’intelligence artificielle transforme en profondeur le marché du travail.
Des études montrent que 300 millions d’emplois seront détruits par l’IA dans le monde, et 80 % des 450 millions de personnes vivant en Afrique de l’Ouest seront touchées. Bonne nouvelle cependant, cette nouvelle révolution technologique créera de nouveaux métiers. Pour en bénéficier, il est impératif de monter dans le train avec des infrastructures, des investissements et des stratégies locales adaptées aux réalités africaines à l’instar de celle de la Côte d’Ivoire.
James Kadié