La 2ème édition des E-Waste Days, les 10 et 11 avril 2025, à Abidjan, a réuni des experts sur la problématique de la gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E). Dans une interview accordée à Digital Mag, Khalifa Ababacar Sarr, directeur général de la SONAGED S.A, évoque les défis liés à la formalisation des déchets dans le secteur informel mais aussi les stratégies à mettre en place pour garantir des données fiables et utilisables.
Quels sont les défis liés à la collecte et à la formalisation des déchets électroniques ?
Les défis sont, certes, une filière à professionnaliser davantage mais également rendre économe toute notre démarche, tirer d’affaire toutes ces personnes qui travaillent dans le secteur. Aujourd’hui les déchets d’équipements électriques et électroniques, nous entourent. On a tous du matériel chez nous, on les a au bureau, on les a, même dans la rue. Il faudrait comprendre qu’on est à l’ère des objets connectés. Il faudrait une réflexion organisée dans la sous-région. C’est pourquoi cet atelier est très important à notre niveau. Et nous avons répondu présent.
Quelles sont les stratégies pour garantir des données fiables dans la gestion des déchets d’équipements électroniques ?
Les stratégies sont multiples. Il faudrait les voir sous un angle scientifique et de gouvernance. Il y a les services de la douane et nos sociétés respectives qui manipulent les informations. Il faudrait que les agences nationales de la statistique et de la démographie puissent nous dire. Les aéroports, les ports, partout où transitent des informations, ce sont des canaux qu’on peut exploiter pour avoir des données fiables. Les universités, les écoles forment les professionnels, forment les électroniciens. Partout où passe l’information, on doit avoir un canevas d’identification de l’essence de ce qui constituerait la donnée.
Si on n’a pas de bonnes données, on ne va pas avoir de très bonnes informations. Et si on n’a pas de bonnes informations, on n’a pas de bonnes connaissances. Alors que c’est à partir des bonnes connaissances qu’on peut développer de bonnes compétences. Même le secteur informel peut être formalisé. Il y a eu des études par le passé de la Banque mondiale, qui ont essayé de donner des certificats en six mois à des acteurs du secteur informel pour les aviser, les encadrer, mais aussi les canaliser dans le sens de détenir des données irréprochables.
A l’ère de l’intelligence artificielle, quelles sont les technologies utilisables pour extraire les données des déchets électroniques ?
Il y a beaucoup de solutions qu’on peut envisager. Mais est-ce que cela va être respecté par une population dont la majeure partie est dans la ruralité ? Je crois que c’est notre combat au quotidien, c’est éveiller, former, sensibiliser. Il faudrait que l’environnement mondial s’y adosse, au-delà des conventions, des règlements, décrets, lois dans nos pays. L’humain doit être au cœur de toute notre démarche, pour adapter notre monde à son contexte. Il faudrait aller vers l’éveil des consciences.
L’intelligence artificielle, c’est vrai, mais pour des proportions de pourcentage, instruire ceux qui ont été à l’école. Ceux qui ont leur métier, si on ne les sensibilise pas, ça pose problème. Je crois également que dans nos pays, nous sommes sur la bonne voie pour lancer l’alerte. Il y a du matériel qui peut être très nocif à notre santé. Il faudrait quand même qu’on attire l’attention dessus, le plomb, tout ce qui est dégradation de certaines matières comprises dans les appareils, les devices. Je crois que c’est à ce niveau que nous devons être plus conscients.
Y a-t-il, au Sénégal des entreprises qui sensibilisent la population à stocker les déchets électroniques et quelles sont les statistiques ?
Bon, les statistiques, je les ai déclamées, peut-être que je ne les ai pas en tête directement. Par exemple, de 3000 tonnes sur certains aspects de déchets, selon les matériels qui sont rendus en typologie. La première société au Sénégal, c’est Sénégal Numérique, qui est l’agence de l’informatique de l’État. C’est leur rôle. Mais il y a d’autres agences qui ont été créées comme l’Agence sénégalaise d’études spatiales, récemment, qui a invité le président de la République à voir surtout l’aspect aéronautique, du moins astronomique, avec les appareils sur lesquels on observe le ciel.
La Côte d’Ivoire a fait, une unité à la primature qui gère l’économie circulaire, c’est très pertinent. Et là, on va davantage s’en inspirer. Je crois que plusieurs corps constitués de l’État peuvent participer à la sensibilisation du ministère, parce que tout le monde utilise ces appareils. Mais chacun a des spécifications d’appareils. Fondamentalement dans la société, ce qui nous entoure aujourd’hui, ce sont les téléphones, c’est beaucoup de matériel électroménagers, ce qu’on branche dans nos maisons. Il est temps qu’on dise aux gens qu’après l’utilisation, il y a une seconde vie pour ces appareils. Et c’est là l’importance de la sensibilisation continue.
Entretien réalisé par M. Gassama