L’avenir de l’agriculture numérique en Côte d’Ivoire s’est dessiné à Abidjan, du 2 au 4 juin 2025, lors de l’atelier « La Case Agri ». Si les échanges ont porté sur le rôle des données et l’utilisation de l’IA pour développer l’agriculture, des experts sont aussi revenus sur l’intégration des petits exploitants agricoles.
L’IA au service de l’agriculture : le rôle clé des données
L’agriculture a longtemps été perçue comme l’épine dorsale de nombreuses économies africaines. Elle contribue de façon significative au PIB, à l’emploi et à la sécurité alimentaire. D’ailleurs, le rapport de synthèse sur l’IA en Afrique (1er trimestre 2025) de Convergence AI révèle que, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce secteur représente environ 15 % du PIB de l’Afrique subsaharienne. Avec des contributions atteignant 30 à 40 % dans certains pays. Ce qui explique que dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de l’intelligence artificielle, l’agriculture est prioritaire.
Sauf que, l’utilisation des technologies IA pour développer le secteur agricole nécessite, au préalable, la collecte de données de qualité. C’est ce qui permettra d’identifier efficacement les problèmes et de proposer des solutions concrètes. « L’objectif, c’est de rendre disponibles ces données et permettre aux startups d’avoir accès à ces données. Ainsi, on pourra créer des solutions en utilisant ces données-là. Le problème majeur, c’est l’accès aux données fiables et de qualité qu’on peut valoriser en utilisant de l’intelligence artificielle », relève Abdou Kader Touré, conseiller technique en économie des données à la Coopération allemande GIZ.
Comment impliquer les petits exploitants moins connectés ?
Par ailleurs, il estime que l’IA peut aider à réduire la fracture numérique par la mise en place de solutions telles que les callbots et des chatbots. « Ce sont des défis que l’intelligence artificielle pourrait relever pour accompagner la diffusion d’informations en temps réel aux planteurs, et ainsi développer une agriculture plus smart, bénéfique à la vie socio-économique de ces acteurs-là », dit-il.
Un exemple existe sur le continent. Il s’agit de FarmerAI qui, selon le rapport de Convergence AI, est une application lancée par Development Bank Ghana (DBG) et Opportunity International, en collaboration avec GIRSAL Ltd. C’est un chatbot innovant alimenté par l’IA, conçu pour fournir aux petits exploitants des conseils agricoles immédiats et personnalisés. FarmerAI apporte aussi des informations sur la gestion des cultures, la lutte contre les ravageurs, les prévisions météorologiques. Ce qui permet aux agriculteurs de prendre des décisions éclairées. Dans les régions testées (Ghana, Kenya), FarmerAI a optimisé le rendement des cultures de 10 %. De quoi favoriser l’autonomie des communautés rurales.
Pour le directeur de l’innovation, des startups et du secteur privé au ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation, Stéphane Coulibaly Konandi, les agriculteurs sont les premiers bénéficiaires du projet « Agri Data Space ». Mais, prévient-il, pour que ces efforts portent leurs fruits, ils doivent s’impliquer davantage en tant qu’acteurs. « Il est important que cela reste connecté avec l’effort qu’on a fait de mettre en place La Case Agri, et que les inputs qu’on va leur proposer soient testés par eux. C’est une chose d’avoir des solutions, c’est une autre chose de les utiliser à bon escient. Donc, il faudrait leur engagement », a-t-il alerté.