Ce 9 septembre, s’est tenue la traditionnelle keynote d’Apple, un événement tant attendu par le monde de la technologie en général et en particulier par les adeptes de l’intelligence artificielle. Les astres se sont alignés pour le lancement officiel d’Apple Intelligence, l’IA intégrée dans les nouveaux iPhones 16. Elon Musk, patron de X et Tesla, est l’une des rares personnes à qui cette innovation ne fait pas plaisir. Il est même prêt à interdire les appareils Apple équipés de cette IA dans les locaux de ses entreprises. Elon Musk est proche de devenir le grand perdant dans une bisbille qui date de plusieurs années. Décryptage…
Pourquoi Elon Musk en veut autant à Apple et à son IA ?
“Si Apple intègre OpenAI au niveau du système d’exploitation, les appareils Apple seront alors interdits dans mes entreprises. C’est une violation inacceptable de la sécurité. ”, a écrit Elon Musk ce matin du 10 juin 2024 sur sa plateforme de microblogging X. Pour faire court, Elon Musk ne veut plus rien savoir d’Open AI, la société mère de ChatGPT. Or, celle-ci a tissé un partenariat avec Apple pour le développement de son IA dénommée Apple Intelligence.
Le milliardaire Elon Musk a récemment dégoupillé une nouvelle grenade à polémique en menaçant d’interdire l’utilisation des appareils Apple à ses employés, après l’annonce d’un partenariat entre Apple et OpenAI, parue il y a quatre mois. Dans ce partenariat, était prévue l’intégration de ChatGPT, le célèbre chatbot d’intelligence artificielle d’OpenAI, dans les systèmes d’exploitation de la marque à la pomme croquée. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a salué cette collaboration. Il a par ailleurs affirmé qu’elle permettrait de rendre l’intelligence artificielle plus accessible aux utilisateurs Apple, avec pour garanties la sécurité et l’innovation. Choses promises, choses faites. Mais de l’autre côté, Musk, qui a cofondé OpenAI avant de s’en éloigner pour devenir l’un de ses principaux détracteurs, s’oppose fermement à cette alliance. Sauf qu’il peut sortir perdant dans cette affaire d’autant plus qu’Apple Intelligence, le fruit de cette nouvelle collaboration est maintenant disponible.
L’origine de la discorde
Il faut remonter en 2017 pour comprendre cette éternelle querelle. Même si le voile demeure épais sur l’ensemble des causes, l’une d’entre elles a fait le tour du monde. Elon Musk, à l’époque co-fondateur de OpenAI, a crié haro sur le fait que ChatGPT ne respectait pas certains principes d’éthique, de morale et d’humanisme. Un an plus tard, le mardi 20 février 2018, Open AI a annoncé officiellement le départ du propriétaire de Tesla de son conseil d’administration. Il s’en est suivi une vague de piques indirectes jusqu’en 2022 où Elon Musk décide de porter plainte contre Sam Altman, nouveau directeur général du groupe, pour trahison. Le patron de X (anciennement Twitter), dans son argumentaire, reprochait à ses ex-collaborateurs de ne pas respecter les statuts d’organisation à but non-lucratif et de n’avoir pas rendu public le code de GPT 4. Pourtant, ces éléments faisaient partie des principes clé sur lesquels était fondée la société, pour une démarche plus transparente et respectueuse de l’humanité. La plainte a fait chou blanc, Open AI a rejeté toutes les accusations et a nié tout en bloc. En vrai, Elon Musk avait pour but de transformer Open AI en une vache à lait, en l’associant à Tesla, avec pour prétexte le problème de manque de financement qu’il comptait résoudre. Toute chose qui n’a pas été du goût de Sam Altman et des autres associés, qui ont préféré éjecter le rebelle de la troupe pour finalement recevoir 13 milliards de Microsoft pour le projet.
Elon Musk riposte avec des tirs à blanc
Pour satisfaire son égo, Elon Musk a lancé en novembre 2023 Grok, un concurrent de ChatGPT, à travers sa startup xAI qu’il qualifie de plus morale. L’IA en question est uniquement réservée aux abonnés premium de X pour 16 € par mois. Celui qui avait pour vision un ChatGPT totalement gratuit et open source, nous sort Grok qui coûte 16 € par mois et qui n’est pas un logiciel libre. Ironie du sort ! En fait, selon la définition du thème Open Source donné par Stefano Maffulli directeur exécutif de l’Open Source Initiative (OSI), l’IA générative de Musk n’est pas libre d’exploitation. Grok, à l’instar des autres intelligences artificielles, n’ouvre pas l’accès aux données sur lesquelles il est entraîné ni le processus d’entraînement. Tout un scandale, pour au finish tirer à blanc. La seule carte dans son manche, pour se remettre de ce nouvel échec, est de lancer un bras de fer avec Apple.
Interdire les iPhones dotés d’IA dans son entreprise est loin de freiner le nouvel élan d’Apple et OpenAI. Elon Musk doit changer son fusil d’épaule, pour une concurrence saine. Sans quoi, il sera le grand perdant sur le marché des intelligences artificielles. Il n’est pas tard pour rectifier le tir et nous proposer quelque chose de plus potable, à l’image de ses voitures 100 % électriques.
James Kadié