La cybercriminalité a causé, en Afrique, des pertes financières estimées à plus de 3 milliards de dollars entre 2019 et 2025. La finance, les soins de santé, l’énergie et la gouvernance sont les plus touchés, selon le Rapport 2025 d’évaluation des cybermenaces d’Interpol publié le 23 juin 2025. Ce rapport s’appuie sur les résultats d’une enquête d’Interpol, des forces de l’ordre africaines et du secteur privé. Il révèle les cyber-crimes les plus répandus.
1 – Les escroqueries en ligne
Les escroqueries en ligne prennent de plus en plus d’ampleur en Afrique. D’après le rapport, les cybercriminels sont de plus en plus malins : ils se servent des techniques comme l’hameçonnage et même l’intelligence artificielle pour manipuler les personnes et les entreprises. Il faut dire que ces criminels profitent de la numérisation croissante de l’Afrique, notamment l’utilisation des réseaux sociaux, du commerce en ligne et des services bancaires mobiles pour commettre leurs méfaits. Rappelons que ces escroqueries peuvent toucher tout le monde, peu importe l’âge ou le métier. Personne n’est vraiment à l’abri.
Le rapport d’Interpol indique que les escroqueries en ligne par hameçonnage sont la cybermenace la plus courante en Afrique en 2024. Les cybercriminels se font passer pour des organisations de confiance pour vous inciter à partager des informations personnelles, comme vos coordonnées bancaires ou mots de passe. Pour tromper la vigilance du public, ils utilisent des messages d’hameçonnage de plus en plus personnalisés, s’adaptant même aux langues locales. Et pour rendre ces escroqueries plus crédibles, ils se tournent vers l’intelligence artificielle. Il est bon de savoir que ces menaces affectent de nombreux secteurs comme la finance et les télécommunications et s’étendent aux SMS, appels et réseaux sociaux.
Pour rappel, l’hameçonnage est une technique de fraude en ligne. Des individus mal intentionnés se font alors passer pour des entreprises, des banques ou des administrations dans le but de vous soutirer des informations personnelles.
2- Les arnaques sentimentales
L’enquête d’Interpol souligne également qu’en 2024, les arnaques sentimentales sont montées en flèche en Afrique. Les escrocs profitent de l’accès à internet et aux réseaux sociaux pour piéger leurs victimes. Ils se font passer pour des personnes en quête d’amour et de relations. Ils manipulent leurs cibles, parfois pendant plusieurs années, pour gagner leur confiance. Une fois cette confiance établie, ils leur demandent de l’argent ou des biens.
C’est une méthode de fraude très efficace qui cause de lourdes pertes financières mais aussi émotionnelles aux victimes. Ces arnaques sentimentales sont particulièrement actives en Afrique de l’Ouest. Le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Bénin ont les niveaux les plus élevés.
3 – Le rançongiciel
Parmi les cybermenaces qui ont fait le plus parler en Afrique en 2024, figure aussi le rançongiciel. Les données d’Interpol et de ses partenaires révèlent que les attaques ont augmenté cette année-là. Et il s’agit d’attaques qui peuvent paralyser des services essentiels, nuire aux organisations et aux personnes touchées (en divulguant publiquement des informations personnelles), entrainer des pertes financières importantes.
Par exemple, l’entreprise nigériane Flutterwave a perdu environ 7 millions de dollars à la suite d’un cambriolage numérique, en avril 2024. En général, les demandes de rançon s’élèvent à des milliers, voire des millions de dollars, et sont souvent réclamées en cryptomonnaie. L’enquête mentionne que l’Afrique du Sud et l’Égypte ont été les plus touchés, suivis par des pays comme le Nigeria, le Kenya et le Maroc. Le groupe de rançongiciels Hunters International est un acteur phare de ces attaques. Parmi ses méfaits, le piratage de Telecom Namibia, en décembre 2024.
4 – Les fraudes par courriel
En parcourant ce rapport, on apprend également que les pays africains, membres d’Interpol, ont été confrontés en 2024, à des cas de fraudes par courriel, aussi connues sous le nom de Business E-mail Compromise (BEC). Ces attaques visent à piéger les entreprises en se faisant passer pour un dirigeant ou un fournisseur afin de détourner des fonds.
Les pertes financières sont considérables, comme le montre le cas d’un fraudeur nigérian condamné à 10 ans de prison aux États-Unis pour avoir escroqué des entreprises étrangères pour 20 millions de dollars, environ 11 milliards de FCFA. Le fait est survenu en novembre 2024. Malheureusement, ce type de fraude, facilité par le manque de sensibilisation à la cybersécurité continue de se propager rapidement sur le continent.
5 – L’extorsion sexuelle numérique
L’extorsion sexuelle en ligne ou sextorsion est aussi citée parmi les cybermenaces les plus présentes sur le continent en 2024. Elle gagne du terrain surtout dans un contexte où les réseaux sociaux sont très utilisés. Le rapport d’Interpol explique que des escrocs, à partir de faux profils créés sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres piègent leurs victimes pour qu’elles leur envoient des photos intimes ou pour qu’elles participent à des activités sexuelles en ligne.
Ensuite, ils les menacent de diffuser ces images à leur entourage, leurs proches ou leurs employeurs si elles ne leur donnent pas de l’argent. L’enquête précise que cette pratique est très répandue en Afrique de l’Ouest (Nigeria, Ghana).
En novembre 2024, Interpol a d’ailleurs mené une opération qui a permis d’arrêter plus de 800 personnes soupçonnées de sextorsion. En plus des pertes financières, les victimes souffrent souvent d’une grande détresse psychologique comme de la honte, de l’anxiété et de la dépression. Le rapport spécifie que plusieurs cas médiatisés en 2024 ont même conduit à des suicides et à d’autres blessures graves.




































