Pour Djiba Diallo, stratège en transformation numérique, l’Afrique est un terrain fertile pour l’innovation financière. L’argent digital y progresse, porté par des fintechs locales. L’inclusion financière gagne du terrain malgré une bancarisation limitée.
L’Afrique s’impose comme un acteur important dans l’univers de la monnaie digitale, selon la stratège en transformation numérique Djiba Diallo. Le rapport GSMA de 2024 révèle, en effet, que le continent compte plus de 1,1 milliard de comptes mobiles, appelés « mobile wallets », soit plus de la moitié des 2 milliards enregistrés dans le monde. À elle seule, l’Afrique subsaharienne représente 66 % des échanges digitaux mondiaux réalisés via ces outils.
L’Afrique, une région propice en termes d’argent digital
Une dynamique qui, dit-elle, contribue fortement à l’économie locale. Les transactions numériques ont généré 190 milliards de dollars dans le PIB des pays d’Afrique subsaharienne. L’Afrique progresse vers une inclusion financière plus large. Et même si elle n’a pas encore atteint le niveau de l’Europe, ses avancées sont significatives et prometteuses.
Djiba Diallo précise qu’en Afrique de l’Ouest, le taux de bancarisation strict, c’est-à-dire la part de la population disposant d’un compte bancaire, reste faible, autour de 25 % dans la zone BCEAO. En revanche, quand on parle d’inclusion financière, le taux grimpe à plus de 73 %. Certains pays se démarquent. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui dépassent les 80 %, le Togo et le Bénin, eux, atteignent 87 %.
Cette progression, souligne-t-elle, est portée par les fintech. Grâce à leurs solutions digitales accessibles et innovantes, elles permettent à de nombreux individus d’effectuer des opérations financières sans passer par les banques traditionnelles. Un pas de plus vers une inclusion plus vaste et plus équitable.
Les fintechs, des championnes locales
On note tout de même un déséquilibre car, d’après le rapport Africa Build 2024, les startups africaines ont levé plus de 2,2 milliards de dollars. Mais la zone UEMOA n’en capte que 10 %, malgré son dynamisme.
A l’heure actuelle, l’attention est plus focus sur les « usual suspects » du continent, considérés comme les moteurs de l’innovation et des fintechs en Afrique. Il s’agit de l’Égypte, du Nigeria, de l’Afrique du Sud et du Kenya. Pour elle, l’Afrique de l’Ouest doit affirmer davantage sa place dans cet écosystème. En créant par exemple un environnement favorable à l’émergence d’entreprises, capables de rivaliser à l’échelle régionale et internationale.
De plus, en Afrique subsaharienne, les populations ont rapidement adopté les solutions digitales des fintechs comme une alternative aux services financiers traditionnels. Une chose qui ouvre de nouvelles perspectives, à en croire la stratège.
Le marché est dynamique, les opportunités sont nombreuses, et même les banques centrales commencent à s’y engager. Elle estime que les fintechs locales, en pleine croissance, ont le potentiel de devenir des références régionales et continentales. L’avenir du secteur s’annonce prometteur, porté par l’innovation et l’ambition.





































