Les services de paiement digitaux dans l’UEMOA sont-ils en suspens ? Tout porte à le croire avec l’entrée en vigueur de l’Instruction n°01-01-2024 de la BCEAO qui fixe des conditions d’exercice drastiques aux fintechs dans la zone économique et monétaire de l’UEMOA.
Elle était redoutée par les fintechs de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’Instruction n°01-01-2024 de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la banque centrale ayant en charge la gestion du franc CFA, est entrée en vigueur le 1er mai 2025, à 21h. Les répercussions sur les fintechs ne se sont pas fait attendre. Les opérations de paiement assurées par la plupart devraient être gelées.
Que dit l’Instruction n°01-01-2024 de la BCEAO ?
L’Instruction n°01-01-2024 de la BCEAO est une injonction de la banque centrale qui exige que les Établissements de paiement (EDP) ou fintechs soient officiellement agréés pour continuer à opérer. « Ce n’est pas quelque chose qu’on repousse », soutenait, dans une interview à DigitalMag Côte d’Ivoire, Alex Séa, président de Côte d’Ivoire Fintech Association. Et pour cause.
« Cette instruction donne aux fintechs une perspective de se déclarer pour obtenir une licence de paiement. La BCEAO nous demande de remplir certaines conditions dont l’une est d’avoir un capital social de 10 millions FCFA pour la plus petite formule de licence, et 100 millions FCFA pour la plus grande. La difficulté, ce sont les montants. Un fondateur de startup me disait qu’il a dépensé plus de 30 millions FCFA pour se conformer. C’est beaucoup pour une fintech », prévenait, toutefois, le président Alex Séa.
La BCEAO suspend les activités des EDP non agréés
Il n’empêche que, les fintechs, dans leur majorité, se sont engagées dans le processus de conformité exigé par la BCEAO. Sauf que, selon le confrère Leral.net, un an après la prise de cette Instruction, « les dossiers déposés par les fintechs attendent encore un traitement de la Banque centrale ». « En réponse à cette lenteur administrative, la BCEAO a ordonné, sans préavis, la suspension des activités des EDP non agréés. Résultat : un blocage brutal qui paralyse salaires, ventes en ligne et flux commerciaux », précise le confrère dans un article publié le 5 mai 2025.
Conséquences : « Des entreprises historiques, parfois actives depuis plus de dix ans, sont aujourd’hui à l’arrêt. Des milliards de francs CFA en transactions sont bloqués, et la confiance envers les autorités de régulation, vacille. Alors que seule une poignée d’acteurs disposant du statut d’Émetteur de monnaie électronique continue à fonctionner, c’est tout un pan de l’économie informelle et de l’inclusion financière qui se trouve menacé », déplore l’auteur de l’article du confrère de Leral.net.
K. Bruno