Le 28 juillet 2022, un individu déambule à un carrefour d’Abidjan. Entre ses mains, un écriteau faisant l’apologie de ses performances sexuelles. Il invite publiquement des femmes intéressées, à le contacter.
Il prétend pouvoir « faire 10 coups ». Dans le jargon ivoirien, cela signifie qu’il peut offrir du plaisir aux femmes à… 10 reprises. En une seule nuit. Quelle puissance ! Certains paieraient cher pour avoir le tiers de ses performances. Mis aux arrêts, le procureur de la République le condamne à six mois de prison dont trois fermes pour racolage, atteinte à la pudeur et proxénétisme.
Le 2 août 2022, dans un communiqué, le procureur de la République menace toutes les personnes qui utilisent les réseaux sociaux pour s’adonner à la même pratique. Il vise sans doute les utilisateurs des pages Facebook, Locanto, Jedolo et autres pour offrir des faveurs érotiques et aphrodisiaques contre rémunération. Il fut un temps où la police traquait ces filles sans vraiment pouvoir les arrêter. Dans les résidences, elles continuent de recevoir leurs clients.
La loi ivoirienne est sans équivoque. En cas d’infraction de ce type dans un média, l’auteur de la publication est mis aux arrêts, et le média fermé ou suspendu pour une durée. Dans le cas d’espèce, l’auteur de la publication des 10 coups est sanctionné. Mais, pas le média Facebook. Symbole de l’impuissance de l’État à contraindre les « gros bras » du numérique à ne plus servir à diffuser des messages obscènes.
Ils sont hors de portée, hors de contrôle. Comme frustrés, les autorités ivoiriennes préfèrent s’en prendre aux utilisateurs. Les plus faibles, les plus vulnérables. C’est plus simple car « quand celui qui a fait est fort, on fait comme si on ne le voit pas ». Or, le procureur de la République l’a bien vu !
K. Bruno