Ce 14 novembre s’est tenue la deuxième journée du Salon de l’épargne, de l’investissement et du patrimoine, au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan. Un panel autour du bilan et des perspectives de l’inclusion financière par les micro-finances et mobiles money a permis de faire l’état des lieux de cette branche du secteur financier.
Djamo : 1,8 million d’utilisateurs en 2024
Les chiffres sont positifs, la digitalisation du secteur financier favorise l’inclusion financière. À en croire Regis Bamba, panéliste et cofondateur de la startup Djamo, la fintech ivoirienne qui compte 1.800.000 utilisateurs en 2024. 60 % d’entre eux ont eu pour la première fois une carte bancaire. Sachant que le système des banques traditionnelles rendait l’accès aux cartes difficiles (au niveau du coût et des formalités), ces chiffres sont un indicateur clé de l’inclusion financière en Côte d’Ivoire.
Wave, l’autre startup fintech, de son côté, a dans sa base de données 250.000 marchands qui acceptent le paiement par code QR, selon Katier Bamba, son directeur général. Ce mode de paiement simplifie de nombreuses transactions chez les utilisateurs et brise des barrières en termes d’inclusion. Pour rappel, selon le rapport de la Commission bancaire de l’UEMOA paru en 2023, moins de 15.000 terminaux de paiement par carte bancaire existaient dans toute la zone, ce qui rendait difficile l’accès aux services financiers, même basiques.
Inclusion financière ; 40% en 2016, 73% en 2023
En Côte d’Ivoire, le taux d’inclusion financière est passé de 40 % en 2016 à 73 % en 2023, selon un rapport de l’UEMOA. Cette hausse est due en majorité par la pénétration des fintech sur le marché financier. Dans le même temps, le taux de bancarisation a atteint 29,5 % en 2022, un taux qui tombe à moins de 25 % en termes de bancarisation stricte (lorsque les comptes provenant des fintech sont retirés). Les fintech pèsent lourd sur le marché financier local et dans l’inclusion financière. Elles se heurtent toutefois aux défis de l’interopérabilité avec les opérateurs mobiles money.
L’interopérabilité, obstacle à l’inclusion financière
Il est impossible, en Côte d’Ivoire, de transférer de l’argent de Wave à Moov Money ou encore de MTN Money à Orange Money. Le consommateur doit passer par une application intermédiaire pour y arriver et non sans payer des frais. Voilà l’une des principales embuches qui ralentissent l’inclusion financière. C’est ce qui ressort de la rencontre, au cours de laquelle les responsables de fintech et micro-finance ont tenté de donner des solutions palliatives.
Wave, selon son directeur général, se dit ouvert à la collaboration avec ses concurrents sur le marché, les opérateurs de téléphonies notamment. Il ajoute que ces derniers doivent être leurs partenaires pour faire prévaloir l’intérêt supérieur du client, tout en faisant fi des désaccords rencontrés sur le terrain concurrentiel.
Le directeur général de la micro-finance Crédit Access, Ali Badini, également panéliste, va plus loin et demande la création d’une passerelle pour faciliter la synergie entre institution financière dématérialisées. Il souhaite « collaborer avec les opérateurs télécom et fintech, pour permettre l’extraction des transactions des clients en commun, afin de prendre les bonnes décisions quant aux octrois de crédits ».
C’est aussi une facette de l’interopérabilité qui manque tant à ce secteur financier pour inclure toute la population dans le système financier. À ce propos, une réforme de l’UEMOA initialement prévus pour le 5 octobre dernier et reportée en juin 2025, prévoit de relever le défi de l’interopérabilité en interconnectant toutes les fintech, mobile money et micro-finances de la zone entre eux. Cette initiative est attendue par Guy Nassa, directeur général de Moov Money, panéliste du jour, pour briser les barrières de transfert entre opérateurs financiers et faciliter la tâche aux utilisateurs.
James Kadié