Maïmouna Touré est la directrice générale de Quantech Solutions, une entreprise de services digitaux. Elle est la vice-présidence de Women In Cyber, une organisation axée sur la convention des femmes dans le domaine de la cybersécurité. Elle encourage les femmes à embrasser les métiers de la cybersécurité. Interview exclusive !
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à participer au Women Empowerment in Cybersecurity (WEC) ?
Parce que le besoin s’est ressenti. Je pense qu’on est ici tous conscients qu’il y a une disparité, dans le domaine de la cybersécurité, entre les femmes et les hommes. La cybersécurité est un métier dominé par les hommes. Aujourd’hui, on veut justement essayer de rattraper ce gap en encourageant les femmes à se dire que c’est possible justement d’évoluer dans le domaine de la cybersécurité.
Comment aider une personne dont la formation de base n’est pas informatique à s’intéresser à la cybersécurité ?
Je pense qu’il faut se dépasser hein, il n’y a pas de solution magique. Je pense que la solution, c’est de faire des recherches, utiliser les outils dont on parle en termes de digitalisation, par exemple, le web, internet. Je pense qu’il faut se renseigner, pousser, faire un peu de self formation, self training, comme on dit, trouver les programmes gratuits. Et même, s’ils sont payants mais qu’ils sont porteurs, c’est peut-être aussi de devoir économiser pour se payer ces programmes.
Les femmes peuvent également assister par exemple à des séminaires et à des conférences comme celle-ci, bref, maximiser les opportunités. Je pense qu’il n’y a pas de formule miracle. C’est un tout, c’est beaucoup de documentation, c’est beaucoup de curiosité, c’est beaucoup d’approche professionnelle. Par exemple, connecter des aînés ou des professionnels comme nous, se positionner sur LinkedIn, avoir des CV épurés, faire des recherches adéquates et puis continuer de se former.
Quelles sont les formations disponibles dans la cybersécurité ?
Alors, les formations, il y en a de gratuites pour tout ce qui est sur le cloud et la cybersécurité. Les grandes entités comme Google et Microsoft proposent, elles aussi, pleins de formations. Localement, nous avons WiCyS qui veut dire Women In Cyber que vous pouvez trouver sur Google. C’est une entreprise qui est basée aux Etats-Unis et qui a ouvert une succursale francophone pour Ouagadougou et Abidjan. Sur cette plateforme, il y a moyen, quand vous devenez membre, d’avoir accès à plein de formations. Après, il faut faire des certifications.
Que ce soit dans le bon ou le mauvais côté de la chose, les formations doivent être sanctionnées par des certificats. La certification vient confirmer que vous avez de la connaissance pour travailler en entreprise sur la cybersécurité. Il y a également des certifications d’auditrice d’applications que vous pouvez faire dans tout ce qui est ISO. Donc, il y a plein de certifications sur le marché. Mais, il faut, d’abord, savoir, dans la connaissance, l’expertise et l’expérience, à quel niveau vous êtes dans votre carrière, et comment ajuster et faire la certification nécessaire.
Avez-vous des exemples de personnes ayant réussi grâce à ces formations ?
En vrai, je vous dirai, c’est très transparent. La plupart des gens que j’ai vus, c’était un mix d’expertise et de certifications. On a un minimum de connaissances académiques, on a tous fait des cours, on a tous eu des diplômes, moi j’ai un master, j’ai un Bachelor. Mais, plus on avançait dans notre carrière, plus on faisait les certifications déterminantes. Comme Nnenna l’a signifié, la certification n’est en rien l’expertise, c’est juste un pas, c’est pour soutenir que tu es certifié, que tu sais de quoi tu parles. Mais pour l’expérience et l’expertise, il faut une bonne dose de certifications accréditées pour te rendre crédible sur le marché, et pour pouvoir accompagner les entreprises. Je pense que c’est un mix.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes souhaitant s’impliquer dans le domaine de la cybersécurité ?
Alors, moi je dirai, je reviens sur ça, c’est d’oser et ne vous limitez pas. La route ne sera pas du tout facile, alors là pas du tout, je ne veux pas vendre du rêve ici. Mais, elle est faisable, comme on dit en anglais, elle est très trady working. Le tout est de se donner les moyens. Et quand ça ne marche pas, il faut repenser la chose, se remettre sur les rails.
Entretien réalisé par Emmanuella Godé