Mébéti Dosso, directeur général du Village des technologies de l’information et de la biotechnologie (VITIB), est convaincu de pouvoir en faire la Sillicon Valley d’Afrique. Interview !
La zone franche a été créé depuis 2004. 20 ans après, quel bilan faites vous ?
En 2004, un cadre règlementaire et légal a été mis sur pied pour proposer une loi instituant le régime de la ZBTIC. En 2006, le décret portant création de ce joyeux technologique a connu le jour et la société VITIB S.A. a été désignée pour la promotion, la gestion et l’exploitation de la Zone Franche de Grand-Bassam.
Grâce aux prêts contractés par l’Etat de Côte d’Ivoire auprès de Exim Bank de l’Inde (10 milliards FCFA), de la BOAD (13 milliards FCFA) et de la BIDC (5 milliards FCFA), nous pouvons dire que les travaux pour la construction de la Zone Franche de Côte d’Ivoire ont connu le jour depuis 2015. La grande forêt qui recouvrait la zone a vu 180 Ha de sa superficie débarrassée par des machines en vue de l’aménagement du terrain et de la construction d’une clôture de 4 kilomètres.
Des travaux de VRD, d’alimentation en eau potable, d’électricité, de téléphone et de réseaux télécom ont été réalisés et le Bloc B a vu sortir de terre trois industries pharmaceutiques, l’hôtel d’entreprises TIC de 3 000 m² qui abrite le siège actuel du VITIB et quatre autres sociétés agréées, une structure spécialisée dans l’énergie et bien d’autres sites en construction.
Cependant, au terme de l’exécution du marché relatif au remblais et au terrassement de la ZBTIC sur le financement BOAD-BIDC, il demeure une nécessité absolue de parer à certaines menaces d’ordre naturel du fait de l’inondation lors des saisons pluvieuses et bien d’autres blocages dus à l’application de la loi portant régime de la création de la ZBTIC relative aux avantages fiscaux et douaniers offerts aux entreprises agréées. Quoique le VITIB enregistre à ce jour plus de 80 entreprises agréées, beaucoup reste encore à faire dans ce vaste chantier de 624 ha.
Pourquoi les entreprises de télécoms rechignent elles à s’installer à la zone franche ?
Ce n’est pas une impression partagée d’autant plus que nous enregistrons de plus en plus de manifestations d’intérêt, soit pour s’implanter ou investir au VITIB. Tout passe par la communication et la promotion de nos infrastructures afin de rassurer les acteurs du secteur du numérique.
Quelles solutions proposez-vous pour attirer plus d’entreprises ?
Des réflexions ont été faites afin de redéfinir les objectifs et actions en vue repositionner le VITIB en qualité de pôle technologique par la mise en priorité d’actions relevant des missions confiées au VITIB, la mise en œuvre d’actions appropriées pour la promotion de la zone franche, ainsi que la recherche de financements nécessaires à la construction d’infrastructures. Au regard de ce qui précède, pour cette année 2024, la Direction Générale du VITIB entend :
- Renouer avec les acteurs partenaires pour revaloriser les projets d’aménagement en cours en vue de l’assainissement des terrains pour les rendre constructibles et en évaluer les coûts.
- Identifier des projets et leurs sources de financement
- Définir et mettre en œuvre des actions appropriées pour la promotion de la zone franche (communication institutionnelle, communication en direction des entreprises à agréer, communication orientée vers la recherche d’investisseurs promoteurs d’infrastructures)
- Rechercher de financement et de partenaires (campagne de communication, appel à manifestation d’intérêt, offres spontanées, recherche à l’international Avec la somme de toutes ces actions, il sera très aisé de faire la promotion des opportunités d’affaires au VITIB, les avantages fiscaux et douaniers ainsi que les facilités offertes dans cette zone d’extraterritorialité.
Quelles sont les perspectives ?
La ZBTIC est un territoire sur lequel s’appliquent des politiques fiscales et douanières avantageuses. Dans l’optique d’optimiser ses ressources et se concentrer sur son cœur de métier, à savoir la promotion et l’exploitation de son parc technologique, VITIB souhaite s’entourer de partenaires investisseurs nationaux et internationaux pour le développement de sa « ville intelligente ». Pour illustration, le VITIB a pour ambition d’être souverain en matière d’énergie en assurant une double source d’énergie dont une renouvelable solaire, notamment capable de répondre à tous les besoins de cette vaste zone de 624 ha.
Le VITIB, Silicon Valley de la Côte d’Ivoire, est-ce que vous y croyez ?
Nous sommes résolument engagés avec l’Etat de Côte d’Ivoire et nos partenaires, dans l’élan de création d’opportunités d’investissements et d’emplois pour faire de ce parc technologique de 624 ha, la vitrine technologique de l’Afrique de l’Ouest. Nous comptons faire du VITIB et de la zone franche de Grand Bassam, le lieu privilégié où plusieurs acteurs, entrepreneurs, industriels, banquiers, financiers de Côte d’Ivoire et d’ailleurs, se rencontreront sur une base régulière, et d’où foisonneront de grands projets ; de très grands projets.
En conclusion, la ZBTIC c’est :
- Une adhésion volontaire et effective des Autorités politiques au plus haut niveau ainsi que des populations ivoiriennes dans toutes leurs composantes ;
- La sécurité juridique des sociétés installées sur le parc ;
- La sécurité des biens et des personnes sur le parc ;
- Un coût compétitif des facteurs de production ;
- La disponibilité et l’efficience des infrastructures technologiques ;
- La disponibilité et l’efficience des services professionnels ;
- Une facilité d’installation des opérateurs ;
- Une facilité d’accès aux infrastructures routières, aéroportuaires et portuaires ; • Une disponibilité de ressources humaines qualifiées ;
- Le professionnalisme et l’efficacité de VITIB SA, l’EPE de la ZBTIC ;
- La disponibilité de services financiers d’accompagnement.
VITIB est en train de construire une Smart City, à savoir une Ville Numérique qui représentera la vitrine technologique de la CI. En plus de la zone de production, le VITIB devra abriter à terme une zone résidentielle et une zone commerciale animée par des Malls (grands magasins), des hôtels, des parcs d’attraction technologiques.
Autant d’opportunités qui s’offrent à tout investisseur en quête de bonnes affaires. Nous sommes en train de construire la première ville numérique de l’Afrique de l’Ouest où l’on vit, où l’on travaille et où on l’on se recréé. Moi, j’y crois. Qu’attendez-vous ?
Interview réalisée
Par K. Bruno