Le samedi 29 juin 2024 se tiendra la finale du concours Miss Côte d’Ivoire au Parc d’exposition d’Abidjan. Les résultats de ce concours seront influencés par le vote en ligne du public. Ce qui tranche avec l’évaluation traditionnelle basée exclusivement sur le vote des membres du jury.
C’est connu, l’avènement d’Internet a bouleversé les règles du jeu au concours Miss Côte d’Ivoire. Désormais, une part importante du pouvoir de décision est transférée à la population à travers les votes en ligne, par appel vocal ou par messagerie. Cette évolution suscite des débats sur l’équité du concours et la montée en puissance des candidates.
La nouvelle dynamique du vote en ligne
Dans les années passées, les résultats du concours Miss Côte d’Ivoire se limitait au choix du jury. Des polémiques sont apparues sur des possibilités de tricherie, selon les affinités d’un membre du jury, par exemple, avec une candidate. Le comité d’organisation (COMICI) a alors introduit les votes en ligne, par appel vocal ou messagerie du public. Conséquence, la dynamique du concours a été modifiée puisque le vote populaire compte pour 60%, quand 40% sont réservés au jury. Cette nouvelle répartition ouvre certes la voie à une plus grande implication du public, mais elle soulève aussi des questions sur l’équité du processus de sélection.
Pour certains, il est évident que « la moins méritante peut gagner parce qu’elle dispose d’une forte communauté derrière elle ». Mais, cela ne choque pas Colombe Silue, commerciale. « C’est bien cela être rusée et une miss se doit d’être maligne. En plus, quand vous avez une forte communauté, ça sous-entend que votre contenu plaît, donc quoi de plus normal de miser sur sa popularité avant de se présenter au concours. Chacune met ses chances de son côté », dit-elle. Autrement dit, une candidate avec une forte communauté en ligne bénéficie d’un avantage comparatif, même si elle ne correspond pas nécessairement au choix du jury.
La communauté en ligne triomphe de la beauté
Sauf que cela soulève des préoccupations légitimes sur l’équilibre entre la popularité et le mérite des candidates. « C’est surtout un problème d’éthique », estime Zeinab Doumbia, étudiante. Selon elle, les candidates sont davantage tentées de privilégier la construction de leur communauté en ligne au détriment de leur beauté. Nous sommes donc à l’ère de la popularité plutôt que du mérite. « Etant donné que le vote du public en ligne compte plus, le concours pourrait à la longue perdre sa valeur », souligne-t-elle.
Augustin Konan, comptable, renchérit : « On aurait su, on aurait fait pareil. Ma cousine s’est présentée au concours, sans avoir de compte Instagram. En plus, elle était timide sur le seul réseau qu’elle avait Facebook. Nous avons souffert lors des votes. Hormis nos amis et cousins, personne n’a voté pour elle parce que justement personne ne la connaissait. Je crois que si elle avait une forte communauté sur les réseaux avant de se présenter, on aurait eu beaucoup plus de chance. Je n’appelle pas ça de la triche, j’appelle ça se préparer ».
Vote en ligne, appel vocal et messagerie : une affaire de gros sous !
Du reste, le vote en ligne, par la messagerie ou appel vocal via MTN, sponsor officiel, est une affaire de gros sous. En effet, ces votes représentent une source de revenus importante. Avec un coût de 200 francs par message, les recettes générées par les votes en ligne offrent une opportunité lucrative pour ce sponsor. « Honnêtement, MTN gagne gros dans cette affaire. Le coût du message est à 300f, si 1 million de personnes votent cela leur fait déjà 300.000.000 millions. Or, ce concours mobilise des millions de votants. Imaginez que 3 millions de personnes votent, franchement je leur tire mon chapeau… », analyse Jean Luc Boua, gérant de cabine
L’impact d’Internet sur le concours Miss Côte d’Ivoire a ouvert de nouveaux horizons en matière de participation du public et de visibilité des candidates. Cependant, les défis liés à l’équité, à la popularité excessive et à la dépendance financière aux sponsors soulignent la nécessité d’une réflexion approfondie sur l’évolution du concours pour garantir une compétition juste et équilibrée. Une chose est sure, Miss n’est pas Miss.
Un reportage de
Aida Soro