La première édition du SIADE (Salon international de l’intelligence artificielle, de la défense et de l’espace) s’est tenue, les 20 et 21 février 2025, au parc des expositions d’Abidjan. Preuve que la Côte d’Ivoire est prête à adopter cette technologie. Au terme de ce salon, le directeur général de SaH Analytics International, l’entreprise organisatrice, a accordé une interview exclusive à Digitalmag.ci.
Pourquoi le SIADE ?
Le SIADE répond à plusieurs enjeux dont le principal est de sensibiliser l’ensemble des acteurs en Côte d’Ivoire, aussi bien les entreprises que les décideurs, aux principaux enjeux liés à l’intelligence artificielle. De plus, ce salon répond à la question de savoir comment est-ce que cette technologie peut être utilisée dans le secteur de l’aérospatiale, de la défense et de la cybersécurité.
Quelles sont vos impressions au terme de ce salon ?
Nous sommes très satisfaits au regard de l’engouement. Nous avons vu plusieurs personnes inspirées et une jeunesse qui a eu le temps de se frotter aux professionnels. Avec le SIADE, on souhaitait se positionner comme fédérateur pour pouvoir montrer aux acteurs et aux décideurs toutes les initiatives locales qui existent. C’est donc une vitrine qui devrait aider les entreprises locales qui évoluent dans le secteur de l’IA, de la défense et de l’espace, en Côte d’Ivoire et à l’international.
Quelles sont les perspectives pour la prochaine édition du SIADE ?
Pour la deuxième édition, nous attendons de faire mieux. Nous comptons beaucoup sur le soutien de toutes les entreprises, de tous les différents acteurs. Pour cette première édition, nous avons reçu beaucoup de demandes pour des interventions sans pouvoir satisfaire tout le monde. Nous espérons pouvoir le faire à la prochaine édition. Nous continuons de travailler dans ce sens.
Quelles sont vos solutions pour l’intégration de l’IA en Côte d’Ivoire ?
Il est vrai que l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique en général ont été spectatrices de toutes ces révolutions, mais aujourd’hui, nous avons cette chance d’avoir des acteurs locaux, des entreprises et de la ressource humaine. Donc, il appartient aux décideurs de créer des écosystèmes qui vont favoriser le développement et l’expression de tous ces différents talents.
La Côte d’Ivoire a-t-elle des GPU (Graphics Processing Unit) pour garantir la puissance de calcul nécessaire au développement de l’IA ?
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est dotée d’un supercalculateur qui a été inauguré il y a quelques années. Ceci montre déjà la volonté de l’État de répondre aux enjeux liés à l’intelligence artificielle. Pendant longtemps, l’intelligence artificielle a été accusée à tort d’être gourmande en matière de capacité de calcul, avec les modèles qui ont été introduits par OpenAI et Google. Mais, récemment, DeepSeek, une initiative chinoise, est venue nous montrer qu’en vérité, l’IA ne nécessite pas obligatoirement autant de puissance (de calcul). Donc, l’IA peut être aussi réfléchie de sorte à pouvoir être plus économe en énergie et plus intéressante par rapport à l’environnement.
Selon vous, l’IA est-elle bien perçue par les Ivoiriens ?
L’IA suscite des craintes. Durant le salon, j’ai eu l’occasion de parler des menaces qui arrivent avec cette technologie, notamment la désinformation massive en ligne et la génération de deepfake. Mais, il ne faut pas regarder que ce côté dangereux. L’IA offre plusieurs autres opportunités. Nous avons, par exemple, travaillé sur un projet qu’on appelle Neomia, une intelligence artificielle qui analyse des images satellitaires pour détecter des cas de fraude et de pêche illégale.
Voilà une utilisation concrète liée à l’intelligence artificielle qui est une initiative parmi plusieurs. Au cours de ce salon, une entreprise a présenté un modèle d’IA qui permet de détecter des cancers 5 ans à l’avance, ce qui n’est pas réalisable avec tous les spécialistes en oncologie que nous avons. Donc, l’IA apporte des solutions à des problématiques et elle nous permet d’être plus performants dans notre travail quotidien.
Entretien réalisé par James Kadié