Wave, la fintech au pingouin continue d’étendre ses tentacules dans le secteur économique ivoirien. Sa stratégie de pénétration sur le marché reste, depuis avril 2021, l’une des meilleures dans la sphère des fintech.
Dans l’expansion de ses services, Wave a ciblé les transports en commun pour faciliter les paiements de course. Après les VTC et les taxis communaux, Wave fait irruption sur le terrain des minicars appelés gbaka. Cette frange des transports est la plus opaque. Le premier obstacle à la digitalisation du paiement de la course est le niveau d’alphabétisation des convoyeurs (les apprentis) chargés des encaissements. En sus, le caractère rustique et traditionnel de ce moyen de transport couplé à sa réputation peu reluisante de mauvaise conduite, d’irrégularité des pièces et attitudes désinvoltes des convoyeurs.
Wave le brise-glace des problèmes de monnaie
« Deux devant, transport avec la monnaie », « cinq cents francs et mille francs, je vais vous associez ». Ce sont là deux lignes du refrain des apprentis gbaka. Les passagers concernés par ces propos doivent se préparer à résoudre des énigmes complexes pour obtenir leur monnaie à la descente du véhicule. Le souci de monnaie n’a jamais été aussi désobligeant et vexant que dans les gbakas. Depuis des années, aucune solution n’a été adoptée pour pallier ce problème, jusqu’à ce que Wave décide de briser la glace.
Depuis une poignée de jours, des cartes estampillées Wave avec un code QR au centre, sont visibles dans quelques minicars, soit accrochées au parebrise, soit dans la main du convoyeur. La rareté des véhicules qui présentent cette option de paiement de course est la preuve que la pénétration est à l’état larvaire. Elle est encore confrontée à des refus de collaborations, en dépit de la présence des commerciaux de Wave dans les différentes gares. Nous avons eu, cependant, la chance de recueillir les propos de deux apprentis qui utilisent la carte sur la ligne Adjamé-Riviera 2.
« On a peur de se faire arnaquer »
Une fois à la fin du trajet, le convoyeur fait sortir une carte Wave de sa poche et propose aux passagers qui n’ont pas de monnaie de payer en scannant le code QR. On pouvait sentir le soulagement sur le visage des trois personnes qui l’ont fait. À la question de savoir si cette option de paiement lui convient, Ouattara Karamoko, apprenti dudit véhicule, répond : « C’est bon. Ça évite les palabres. (…) Il y a des clients qui pensent qu’on veut bloquer leur monnaie, alors que c’est parce que nous n’en avons pas. Avec Wave, on peut gérer le problème ». Un autre apprenti à côté, Gervais, renchérit dans le même sens.
Toutefois, il s’inquiète : « C’est difficile de faire le point le soir quand on utilise ça (la carte Wave) et on ne maitrise pas trop, on a peur que de se faire arnaquer ». À l’entendre, il faut une sensibilisation accrue pour que le paiement digital se démocratise dans ce sous-secteur des transports en commun. En revanche, c’est fait, la glace est brisée. Il reste à optimiser cette solution.
James Kadié