Une crise des data internet sévit en Côte d’Ivoire. Les opérateurs de téléphonie mobile ont baissé le volume d’internet acheté pour des prix inchangés. Autrement dit, le coût d’internet connait une hausse. Les internautes ivoiriens sont en colère…
Plus généralement, cela pose la problématique du coût des services voix, Sms et internet en Afrique. Yannick Bel, administrateur de l’entreprise Gie de la Bidette, fait une analyse intéressante sur la question que nous synthétisons pour nos lecteurs.
Accès à internet, un luxe pour les Africains ?
Trait sur fait. Les services de télécommunications en Afrique affichent des prix très onéreux des offres d’appels mobiles voix, sms et données internet. Les tarifs vont jusqu’à plus de 45 FCFA/min le coût d’appel voix, et pas moins de 40 FCFA le coût par sms. Dans ces conditions, la communication reste un luxe pour les Africains, en considérant la part des dépenses mensuelles allouées à ces services de téléphonie.
Selon Yannick Bel, la moyenne de durée d’appel est d’environ 140 minutes par usager, soit 7 500 FCFA, sms inclus, soit plus de 12 % du salaire minimum moyen en Afrique francophone (62 358 FCFA). En considérant les volumes de data échangés (via WhatsApp, YouTube, pour une consommation moyenne d’environ 9/Gigabits…), cela porte le panier moyen des dépenses à plus de 12 500 FCFA, soit 20 % des dépenses mensuelles. « C’est énorme ! ».
Les facteurs influant sur les prix d’appels et internet ?
Une évidence, toutefois. Les opérateurs mobiles investissent des milliards de FCFA, emploient des dizaines de milliers de personnes et contribuent à transformer l’économie africaine, grâce au numérique. Comme tout investisseurs, ils attendent un retour sur investissement. Là où le bât blesse, c’est la course effrénée à la « forte rentabilité des services délivrés et leurs effets pervers convergeant sur une stratégie dite de high-pricing ».
Les coûts d’itinérance inter-opérateurs étant très onéreux, la concurrence n’a finalement pas l’effet positif attendu pour la compétitivité des acteurs. Dans les marchés plus concurrentiels, la bande passante internationale est un produit banalisé. Ce qui n’est pas le cas dans les pays à monopole. En général, lobbys et monopoles mis à part, lorsque les prix de gros internationaux deviennent compétitifs, il est aisé de déduire que les services aux citoyens sont plus bas.
Quoi qu’il en soit, les opérateurs télécoms sont le moteur incontesté de la croissance en Afrique. Ils doivent trouver un équilibre entre investissements, marges, qualités de service et baisse des prix d’accès à internet pour les citoyens du continent africain. Hélas, ce n’est pas toujours évident…
K. Bruno