La 3ème édition du Forum sur la protection des données à caractère personnel (FPDCP) s’est tenue, ce jeudi 16 juin 2025, à Abidjan, Sofitel Hôtel Ivoire. Autour du thème : « L’intelligence artificielle au service du citoyen : protéger nos données, construire l’avenir », ce forum a été ouvert par son organisateur, Serge Séri, qui a donné ses motivations.
La protection des données à caractère personnel bousculée par l’IA
Selon lui, le Forum sur la protection des données à caractère personnel (FPDCP) a été conçu pour repenser l’avenir de la Côte d’Ivoire, qui évolue, comme les autres nations du monde, aux côtés des machines autonomes et systèmes intelligents capables de traiter des volumes massifs de données. Parmi ces données, celles à caractère personnel sont si sensibles que la Côte d’Ivoire a adopté une loi pour les protéger de tout usage abusif. Il s’agit de la loi No 2013-450 du 19 juin 2013. Le régulateur, l’ARTCI, est chargée de veiller à son respect scrupuleux par les opérateurs nationaux.
Sauf que, l’intelligence artificielle, elle, malgré les opportunités d’innovations, d’inclusion et de développement qu’elle offre, échappe à cette législation. Elle est, même, susceptible de siphonner ces données et de les retourner, pourquoi pas, contre les individus, sans risque de représailles. Serge Séri propose alors de renforcer le dispositif national de protection des données à caractère personnel qui semble inadapté au contexte technologique actuel. Une question se pose toutefois. La quête de protection légale des données à caractère personnel des citoyens est-elle compatible avec la transformation digitale accélérée par l’intelligence artificielle ?

La protection des données personnelles est-elle compatible avec l’IA ?
Les experts du droit numérique ont apporté des réponses à cette question, lors de conférences, panels et présentations. « Malheureusement, nous ne sommes pas générateurs de cette intelligence artificielle. Elle est créée hors de nos frontières, par les GAFAM. Nous ne sommes qu’utilisateurs, comme du réseau internet », regrette Me Héraclès Assoko, avocat au Barreau de Côte d’Ivoire. « En même temps que nous sommes confrontés au besoin de conformité, il y a une sorte de frein. Comment interagir avec ceux qui produisent l’intelligence artificielle ? Comment leur imposer nos normes alors que nous ne sommes pas créateurs ? C’est ça la difficulté », précise-t-il.
Devant cette montagne russe, Me Héraclès Assoko ne se résigne cependant pas. Il préconise que « chaque citoyen devienne le gardien de ses propres données à caractère personnel face à l’intelligence artificielle ». Autrement dit, « ne pas laisser trainer ses données pour ne pas courir le risque qu’elles soient utilisées contre nos intérêts ou sans notre consentement ». L’objectif, pour lui, est de faire de la technologie de l’intelligence artificielle un instrument d’émancipation de l’homme et non un outil de servitude et de violation de sa vie privée et de ses libertés individuelles.