Que faire alors pour développer cette technologie qui occupe tous les espaces sociaux et économiques en Afrique ? Plusieurs experts se sont prononcés, lors du Cyber Africa Forum (CAF 2024), à Abidjan. Ils ont dégagé 3 axes stratégiques.
« Quelles stratégies adopter face à l’essor de l’intelligence artificielle en Afrique ? » A cette question, thème du panel d’ouverture du CAF 2024, le lundi 15 avril 2024, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le ministre tunisien des Technologies de la communication, Nizar Ben Neji, a donné quelques éléments de réponses. Il a identifié 3 axes sur lesquels toute stratégie IA en Afrique doit reposer.
La donnée et les capacités de stockage
Le premier, c’est la donnée ou data. Pour le ministre tunisien, la collecte, le stockage, le traitement, l’anonymisation, la sécurisation, la superposition, et le partage des données avec l’écosystème numérique (Start-ups, chercheurs, entrepreneurs) pour développer des applications, sont les fondamentaux de la stratégie IA. Encore faut-il que ces données soient de bonne qualité parce que, au dire du directeur associé de Cybastion, Georges Mpoudi Ngole, « l’intelligence artificielle se nourrit gros volumes de données structurées et non structurées qui permettent d’entrainer le modèle de l’IA à prédire et faire des actions qui ressemblent à de la réflexion humaine ».
Le deuxième axe, a relevé Nizar Ben Neji, ce sont les ressources. Celles-ci riment avec capacités de stockage des méga-données, c’est-à-dire les ressources cloud, les data center, les supercalculateurs pour l’exploitation des données, mais aussi et surtout la connectivité. « On a besoin du haut débit pour développer l’intelligence artificielle dans des régions aussi éloignées les unes des autres », a-t-il insisté. Et le directeur associé de Cybastion ajoute : « On pourra difficilement parler des bénéfices de l’IA en Afrique si on n’a pas accès à l’internet à moindre coût et de manière démocratique ».
Compétences humaines et développement d’applications
Le dernier axe, c’est l’homme, parce que l’IA a besoin de l’intelligence humaine. Par conséquent, la formation en IA et science de la donnée, « pas seulement en informatique et ingénierie, mais dans toutes les disciplines s’impose ». Ici, le représentant du géant chinois Huawei, Adnane Ben Halima, a rappelé que son groupe a implémenté plusieurs programmes de formation visant à alimenter l’écosystème des TIC en Afrique. « On espère former sur les 5 prochaines années 150000 personnes en IA, Big data, ressources cloud, cybersécurité ». Ces derniers devront, ensuite, développer des skills, des algorithmes et des applications ou solutions pour répondre aux besoins des usagers.
Ces solutions sont deux ordres. Soit pour remplacer l’homme, -on parle alors de systèmes autonomes-, soit des solutions pour aider l’homme. Dans tous les cas, ces solutions sont utiles pour l’anticipation afin de garder une longueur d’avance, pour l’aide à la prise de décision lors des accidents. Et elles sont utiles pour se projeter, faire la planification stratégique basée sur l’analyse intelligente des données. Ces trois axes ne doivent, cependant, pas mettre sous l’éteignoir le cadre réglementaire nécessaire à l’encadrement de l’IA, et la construction d’infrastructures télécoms, ont convenu l’ensemble des panélistes.
K.Bruno